Comment la presse européenne commente la victoire d’En Marche aux législatives

Alors que le parti du président de la République Emmanuel Macron, La République en Marche (LRM), obtient la majorité absolue avec 319 sièges, Tout l’Europe a passé en revue les réactions de la presse européenne, pour qui la situation politique en France est historique.

“La dernière des quatre élections du marathon électoral français qui s’est étalé sur deux mois (du 23 avril au 18 juin!) a de nouveau été remportée par Emmanuel Macron” annonce Bild (Allemagne). L’ancien ministre de l’Economie devient ainsi “le président le plus puissant depuis de Gaulle”, titre le journal espagnol El Mundo.

The Times (Royaume-Uni) estime que “le second tour des élections législatives a retourné l’ancien ordre politique”. Une ligne que le journal espagnol El Pais partage : “À la chute des partis qui ont dominé la France durant les dernières décennies, se joint un renouvellement profond du personnel politique. Des hommes et des femmes qui contrôlaient jusqu’à récemment les arcanes du pouvoir disparaissent”, analyse-t-il.

Mais gare aux tentations d’absolutisme, prévient Bild (Allemagne), pour qui “il ne faut pas que le succès monte à la tête de Macron”.

D’autant plus que le résultat est à nuancer, avec “un taux de participation exceptionnellement bas [qui] reflète la lassitude des électeurs après des mois d’élections”, note The Times . The Telegraph (Royaume-Uni) relève également un taux de participation extrêmement faible, à 42%, “indice de la fatigue des électeurs après sept mois de campagne électorale, ainsi que de la défiance envers les politiques dont M. Macron devrait se méfier en menant ses réformes”. Analyse partagée par Bild, qui rappelle que le taux de participation est le score le plus bas dans l’histoire récente de la France.

Au fond, la sensation d’une séquence électorale hors du commun domine. The Economist (Royaume-Uni) dresse ainsi le portrait d’“un ancien ministre socialiste de l’Economie de 39 ans, auparavant banquier d’affaires, qui ne s’était jamais présenté à aucune élection”, et qui “a d’ores et déjà mis à mal toutes les règles pour devenir président dès la première tentative”.

Pour le journal, ces dernières élections pourraient avoir trois conséquences : “la redéfinition des partis politiques français, la réinvention de la représentation politique et la construction d’une nouvelle dynamique réformatrice”.

Le titre britannique note également un changement de paysage au sein de l’hémicycle, alors que “depuis des années, le pays a regretté son incapacité à rompre avec les hommes âgés et blancs du Parlement”. “L’âge le plus commun des députés sortants était de 60-70 ans (…) [alors que] l’âge moyen des 281 députés LRM siégeant pour la première fois au Parlement est, lui, de seulement 43 ans”. Un changement de génération donc, mais également un bond en avant pour la parité, avec 223 femmes élues députées. Elles représentent maintenant 38,65% de l’hémicycle, soit le taux le plus élevé jamais atteint à l’Assemblée nationale [Le Monde].

La presse européenne se tourne désormais vers l’avenir et les défis qui attendent le nouveau président. L’abstention et le score moins écrasant qu’annoncé signifient notamment “qu’il n’a pas obtenu de chèque en blanc pour des réformes radicales”, estime The Telegraph.

Et même si Emmanuel Macron a réussi son pari alors qu’il “y a un an, seuls les optimistes bienheureux croyaient que l’aventure politique de M. Macron pouvait le mener quelque part, (…) l’héritage du jeune président [ne] sera garanti [que] s’il parvient également à contredire les sceptiques sur les réformes économiques. Ce serait la vraie révolution française”, juge The Economist.

“Macron doit maintenant faire de la politique”, résume Die Zeit (Allemagne), qui liste les cinq premiers projets que Macron soumettra au vote des députés : la moralisation de la vie politique, la réforme du code du travail, une Europe puissante et protectrice, renforcer l’anti-terrorisme et les nouveaux rythmes scolaires.

The Telegraph s’inquiète enfin de la difficulté que représente la formation “d’une horde de députés, dont la moitié sont des novices en politiques”, que le président devra ensuite “unir derrière lui pour revoir le code du travail, supprimer des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires et pour réformer l’encombrant système des retraites”.

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