Après la publication du rapport de la mission de Pierre Mathiot, Un nouveau Baccalauréat pour construire le lycée des possibles, le ministre de l’Éducation nationale s’engage dans les concertations nationales nécessaires, avant la présentation de son projet en conseil des ministres le 14 février.
Il y a quelques mois, Terra Nova avait présenté des propositions pour « sauver le bac ». En pointant la lourdeur du cérémonial national, ce club de réflexions proposait une refonte complète des deux dernières années du lycée, avec des objectifs simples : alléger le dispositif de l’examen ; repenser une validation des acquis adaptée aux besoins des élèves et aux capacités de l’institution ; aider davantage les élèves à construire leur parcours en accompagnant mieux leur orientation et en préparant l’accès au supérieur.
Dans les questions qui restent en débat, la place du contrôle continu reste un sujet majeur.
Il apparait indispensable d’introduire une part significative de contrôle continu dans la validation des années lycée. C’est un point clé de la réforme, sans lequel on risque en effet d’alourdir encore plus le baccalauréat actuel et de gaspiller ainsi de précieuses ressources institutionnelles, sans vraiment rompre avec un « bachotage » complètement contre-productif du point de vue des apprentissages et de la formation.
Terra Nova revient sur cette question dans une nouvelle note sur le contrôle continu .
Dans un sondage récent sur la réforme du baccalauréat, 75 % des personnes interrogées se déclaraient favorables à un renforcement du contrôle continu1. Le contrôle continu est le mode normal de validation des acquis dans l’Éducation nationale, de l’école primaire au lycée. Le contrôle continu est, en outre, ce qui détermine aujourd’hui l’orientation des bacheliers dans l’enseignement supérieur puisque les dossiers des élèves sont traités avant les épreuves du bac.
Pourtant, le contrôle continu suscite aussi des réserves, qui expliquent en partie le maintien et l’alourdissement progressif des épreuves du baccalauréat, malgré les pesanteurs, le coût et l’inefficacité pédagogique de cette modalité de contrôle. Quelles sont ces réticences ?
Elles sont de deux ordres. La première concerne les inégalités attachées à cette modalité de contrôle. La seconde tient aux éventuelles pertes de chance que ces inégalités peuvent induire pour des lycéens dans leur accès au supérieur, même si les épreuves du baccalauréat ont, à l’heure actuelle, un poids pratiquement nul pour l’accès aux filières post-bac concurrentielles, puisque les décisions d’admission sont prises avant l’examen
Les inégalités provoquées par le contrôle continu peuvent prendre deux formes : Tout d’abord, des inégalités à l’intérieur des établissements. Tous les enseignants ne notent pas de la même manière, les élèves craignent d’être « défavorablement connus des services » ou de subir un passif lié à leur attitude ou à des incompatibilités de caractère. Cette nouvelle note examine les correctifs possibles face à ces inégalités
Ensuite, des inégalités entre établissements : la localisation géographique, le recrutement social, la réputation… forment des hiérarchies entre établissements qui se traduisent par des opportunités d’orientation différentes. Ces réticences justifient de ne pas renoncer complètement à la modalité de l’examen national de fin d’année.
L’attachement aux épreuves du bac, pour des raisons surtout historiques et symboliques, ne doit pas être sous-estimé : c’est une sorte de rite de passage inscrit dans les mémoires familiales et générationnelles, auquel la société française n’est pas prête à renoncer. Toutes les disciplines, en outre, pèsent pour se voir « reconnues » à travers l’épreuve nationale.
Dans la proposition de mixer contrôle continu et examen terminal, aucune matière ne serait sacrifiée puisque les élèves auraient le choix, pour chaque discipline, de choisir entre l’examen continu ou terminal.
L’objectif général est justement de changer de logique et d’attitude vis-à-vis des épreuves. La réforme du bac ne vise pas seulement, même si c’est important, un allègement de l’organisation. Elle vise aussi et surtout à sortir du bachotage, à réduire le culte de la note et à consacrer davantage de temps à l’orientation et à la construction du parcours de l’élève. Pour cela, il faut combiner responsabilisation et accompagnement : responsabiliser les élèves en leur faisant choisir les disciplines et les épreuves qu’ils veulent passer pour finir le lycée et accéder au supérieur. Et accompagner les parcours, avec un tutorat plus proche et plus continu dès l’année de première.
Quatre épreuves en contrôle final, comme il est proposé dans le rapport, conduit à ce que le contrôle continu pèserait entre le tiers et la moitié de la note finale, en fonction des épreuves que l’élève choisirait de passer en épreuve finale.
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