150 millions d’enfants travaillent dans le monde alors que les normes internationales l’interdisent. 70 millions dans des conditions dangereuses. Un chiffre qui diminue, mais un enfant sur dix reste concerné, selon l’Observatoire des inégalités.
218 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans, soit 13,8 % des enfants de cet âge, sont « occupés économiquement » au moins une heure au cours de la semaine d’enquête, estime l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2016. Parmi eux, 152 millions, soit 9,6 %, « travaillent », ce qui signifie que leur activité contrevient aux normes internationales (voir encadré). 4,3 millions d’enfants sont assujettis à du travail forcé (servitude pour dettes, prostitution, enfants-soldats, etc.), dont 300 000 par les autorités de l’État.
Entre 2012 et 2016, le nombre d’enfants occupés économiquement dans le monde a diminué de plus de 46 millions et leur proportion est passée de 16,7 à 13,8 %. Le nombre et la part des enfants qui travaillent de manière illégale ont également diminué, passant de 168 à 152 millions d’enfants, soit de 10,6 % à 9,6 %.
L’Afrique est la région où le plus grand nombre d’enfants travaillent : ils sont 72 millions (presque 20 % des enfants) à exercer un travail qui contrevient aux normes internationales. Parmi eux, 31,5 millions, soit 8,6 % des enfants, effectuent un travail dangereux. En Asie et dans le Pacifique, la part des enfants qui travaillent illégalement est de 7,4 %. Avec 62 millions d’enfants concernés, cette grande région du monde représente 41 % des enfants qui travaillent illégalement dans le monde.
Le travail des enfants est corrélé à la pauvreté des nations. Dans les pays où le revenu moyen par habitant est inférieur à 1 045 dollars par an et par personne, un enfant sur cinq travaille en dépit des normes internationales. Ils représentent plus de 65 millions d’enfants et 43 % de l’ensemble des enfants qui travaillent dans le monde.
Le phénomène n’a pas totalement disparu des pays les plus riches : plus de deux millions d’enfants travaillent illégalement dans les pays où l’on gagne plus de 12 700 dollars par an en moyenne. Plus de trois quarts d’entre eux sont contraints à des travaux dangereux.
Plus des deux tiers des enfants dont le travail contrevient aux conventions internationales sont employés par leur famille et ne sont pas rémunérés. Seuls 27 % occupent des emplois salariés et 4 % sont considérés comme des travailleurs indépendants. Contrairement à nos représentations d’enfants esclaves de l’industrie manufacturière, l’agriculture arrive largement en tête des secteurs qui emploient des enfants. Elle occupe 108 millions d’enfants, soit 71 % des enfants employés illégalement, souvent dans des conditions de travail dangereuses. Le secteur des services en compte 26 millions, et celui de l’industrie, 18 millions.
Les enfants qui travaillent illégalement sont surtout les plus jeunes : au nombre de 72,6 millions, les 5-11 ans représentent près de 48 % d’entre eux. Par rapport à la période 2008-2012, c’est parmi ces plus jeunes que les progrès ont été les plus faibles : de 73 millions en 2012, ils sont passés à 72,5 millions en 2016, et représentent encore 8,3 % de leur classe d’âge.
À première vue, le travail des enfants au sens de l’OIT est davantage le lot des garçons (58 %) que celui des filles (42 %), mais l’organisation internationale reconnaît que ses statistiques sous-estiment la part des filles, celles-ci étant plus souvent employées à des activités – emploi domestique, prostitution – qui échappent davantage à l’observation.
Le travail des enfants est souvent incompatible avec leur scolarisation, et il l’est d’autant plus qu’ils y consacrent une part importante de leur temps. En outre, les enfants qui, tout en étant scolarisés, ont une activité économique, voient leur scolarité pénalisée. Ce que l’on sait, c’est que 68,4 % des enfants âgés de 5 à 14 ans qui « travaillent » au sens de l’OIT vont en même temps à l’école.
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