Le Conseil de l’UE vient de se prononcer pour l’interdiction des insecticides tueurs d’abeilles proposée par la Commission et soutenue par le Parlement européen. La pression de l’opinion publique, les appels des apiculteurs à agir et les réticences des agriculteurs rendaient pourtant l’issue du vote incertaine.
Trois pesticides sont concernés : la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame” ; ce sont des substances neurotoxiques qui s’attaquent au système nerveux des insectes.
Le moratoire partiel de 2013, est prolongé et surtout généralisé à toutes les cultures de plein champ, et seul l’usage sous serre reste autorisé.
Ces néonicotinoïdes étaient appliqués en enrobage des semences lors des semis et pouvaient dès lors se disséminer rapidement au-delà des cultures, contaminant l’environnement et les fleurs sauvages.
De nombreuses études désignent ces insecticides comme les principaux responsables de l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs et plus globalement comme portant atteinte à la biodiversité. Une étude conjointe récente du Musée national d’Histoire naturelle et du CNRS en , citée par Ouest-France, indique qu’en «Europe, 37 % des populations d’abeilles, sauvages et domestiques, et 31 % des papillons sont déjà en déclin et 9 % [sont] menacées de disparaître”. L’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) est ferme et juge ces pesticides néfastes pour les abeilles ;
La majorité qualifiée requise au Conseil en faveur de l’interdiction était loin d’être acquise. Finalement la Roumanie, la République tchèque, la Hongrie et le Danemark ont voté contre. Comme attendu, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont voté en faveur de l’interdiction.
Cette division provient des différents intérêts en jeu dans les Etats, selon que les gouvernements membres écoutent leurs agriculteurs, ou les défenseurs de l’environnement, ou sont sensibles en fonction à certaines répercussions économiques : l’enjeu pour la santé et la biodiversité a finalement prévalu !
Un lobbying intensif du secteur des pesticides et des industriels de la betterave à sucre, une des cultures jusque-là épargnés par le moratoire de 2013, était à pied d’œuvre pour empêcher l’interdiction, avec toujours le même argument : il n’existe pas d’alternatives !
C’est une belle elle victoire pour les abeilles, dont on connait l’importance pour la production fruitière, pour la biodiversité, mais aussi pour la santé des hommes
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