Le score de l’extrême droite va être très regardé aux Législatives en Suède dimanche prochain

Ce dimanche 9 Septembre 2018, 7,3 millions de Suédois, voteront pour désigner les 349 membres du Riksdag, chambre unique du parlement, et la totalité de leurs conseillers régionaux et municipaux. Les Suédois renouvellent en effet une fois tous les 4 ans, le deuxième dimanche du mois de septembre l’ensemble de leurs représentants politiques.

Selon les dernières enquêtes d’opinion, rapportées par la fondation Schuman, 3 partis arrivent en tête des intentions de vote : le Parti social-démocrate (SAP) avec 24% des intentions de vote, le Parti des modérés (M) avec 18% et les Démocrates de Suède (SD) représentant l’extrême droite, qui recueilleraient 22%des voix. Cette situation   rendrait difficile la formation du prochain gouvernement mais surtout donnerait à l’extrême droite un score bien au-delà de la moyenne de  son score en Europe

Comme le souligne la note de la fondation Schuman, La Suède n’échappe pas à la percée des partis populistes qui touche quasiment tous les pays européens, et notamment les Etats nordiques. Les populistes participent en effet au gouvernement en Finlande (Réforme bleue (scission des vrais Finlandais) et en Norvège (Parti du progrès, F). Au Danemark, le Parti du peuple (O) est devenu le 1er parti de droite du pays lors des dernières élections législatives du 18 juin 2015.

« En Suède, l’économie et les services publics ont toujours constitué les principaux enjeux lors des scrutins législatifs mais au cours des 2 ou 3 dernières années, les thèmes de la loi, de l’ordre et de l’immigration sont devenus prédominants. C’est un grand changement »

Le royaume scandinave a accueilli plus de 350 000 migrants depuis 2014 (pour 9,9 millions d’habitants). En 2015, 163 000 personnes y ont demandé l’asile, soit 1 pour 25 Suédois, un record en Europe.

Pour tenter de faire diminuer le nombre de réfugiés, le gouvernement de Stefan Löfven, qui rassemble le SAP (social démocrate) et le Parti de l’environnement-Les Verts (MP), a réintroduit le contrôle à la frontière avec le Danemark dès le 12 novembre 2015. En juin 2016, il a adopté des mesures en vue de durcir la politique d’asile du pays.

Stefan Löfven a affirmé que la Suède avait été « naïve » face aux réfugiés. Les sociaux-démocrates veulent durcir les lois sur le travail des étrangers. « L’immigration de travail doit se concentrer sur les professions qui ne peuvent être exercées par des Suédois. Les professions dans lesquelles il n’existe pas de pénurie de main d’oeuvre doivent d’abord être confiées à des chômeurs qui résident en Suède » peut-on ainsi lire dans le programme du parti au pouvoir. « Les sociaux-démocrates dressent un tableau très sombre de la Suède comme s’ils étaient convaincus que c’est ce que les Suédois veulent entendre et qu’ils avaient peur de dire le contraire » a souligné Ulf Bjereld, politologue.

Chacun des partis politiques affiche sa volonté de durcir la politique d’immigration. Il devient également de plus en plus difficile pour eux d’exclure les Démocrates de Suède du champ politique. Le 19 janvier 2017, Anna Kinberg Batra, à l’époque dirigeante du Parti des modérés, a indiqué que son parti était prêt à présenter une proposition de budget avec l’opposition populiste, brisant de la sorte un tabou suédois qui interdit toute négociation avec l’extrême droite.

Les Démocrates de Suède aiment se définir comme le seul parti d’opposition de Suède. Jimmie Akesson a transformé ce parti, auparavant d’inspiration néo-nazie, en parti respectable en poussant ses membres les plus extrémistes dehors.Il est favorable à l’organisation d’un référendum sur l’appartenance de la Suède à l’Union européenne. « L’Union européenne est un large réseau de corruption ou personne ne contrôle rien. Nous payons beaucoup et nous recevons très peu mais la raison principale de notre désir de partir est idéologique : nous ne devons pas appartenir à une union idéologique ». Mais selon les dernières enquêtes d’opinion, seuls 17% des Suédois sont partisans d’une sortie de leur pays de l’Union européenne, la grande majorité (57%) y sont opposés.

Au pouvoir depuis 4 ans, le Parti social-démocrate est le plus ancien et le plus conséquent des partis politiques suédois. Il a gouverné le royaume durant 80 des 101 années de démocratie qu’a connues la Suède. Il a longtemps dominé la scène politique recueillant 45% des suffrages en moyenne. Dorénavant, les enquêtes d’opinion le créditent d’environ 25% des voix et le parti a perdu un sympathisant sur quatre depuis 2014.

Pourtant, le Parti social-démocrate peut afficher un bilan convenable de ses 4 années à la tête du pays. La Suède est la plus prospère et la plus égalitaire des sociétés européennes et ses finances publiques sont les mieux gérés des 28 États membres de l’Union européenne. L’ensemble des indicateurs économiques du pays sont au vert. La croissance du PIB est supérieure à 3% depuis plusieurs années, les comptes publics sont en excédent, la dette ne cesse de se réduire et représente 38% du PIB, soit son taux le plus faible depuis 1977. Le nombre d’actifs est le plus élevé depuis 2000, le taux de chômage s’élève à 6,1% (juin 2018) et est en recul constant.

Le Premier ministre sortant Stefan Löfven dit défendre le Trygghet, terme signifiant à la fois la sécurité et le confort. « Les gens ont besoin de se sentir en sécurité dans l’économie globalisée. Ils ont besoin d’avoir un travail et également de se sentir en sécurité. C’est pourquoi nous nous battons contre le crime » a-t-il déclaré.

La Suède possède un parlement monocaméral, le Riksdag, qui compte 349 membres élus tous les 4 ans au scrutin proportionnel. Pour les élections législatives, le pays est divisé en 29 circonscriptions électorales (une par comté, celles de Stockholm, de Scanie et de Västra Götaland étant sous divisées), qui élisent 310 députés (11 en moyenne, de 2 à 43 élus par circonscription). Les 39 autres sièges, appelés sièges compensatoires, sont répartis entre les différents partis afin d’assurer la représentativité la plus exacte possible du vote au niveau national.

8 partis politiques sont représentés dans l’actuel Riksdag :
– le Parti social-démocrate (SAP), fondé en 1889 et dirigé par le Premier ministre sortant Stefan Löfven, compte 113 élus pour 31% des voix;
– le Parti des modérés (M), parti libéral créé en 1904, conduit par Ulf Kristersson , possède 84 députés avec 23% des voix;
– les Démocrates de Suède (SD), parti populiste de droite fondée en 1988 et dirigé par Jimmie Akesson, compte 49 élus avec 13% des voix ;
– Enfin : le Parti de l’environnement-Les Verts (MP) possède 25 sièges ; le Parti du centre (C), compte 22 députés ; le Parti de la gauche (Vp),  possède 21 sièges ; le Parti du peuple-Les Libéraux (FpL), compte 19 députés ; le Parti chrétien-démocrate (KD), possède 16 sièges.
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