Le Jeudi 28 mars, le Sénat a adopté à la quasi-unanimité la proposition de loi relative à l’instauration du 27 mai comme journée nationale de la Résistance.
Le 27 mai est en effet la date anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance, instance créée autour de Jean Moulin afin de coordonner les différents mouvements de Résistance française, pendant l’Occupation qui s'étaient spontanément constitués depuis la défaite française et l'armistice du 22 juin 1940. Le 27 mai 1943, rue du Four à Paris, la première réunion du CNR marque cette unité entre les différents mouvements résistants français, avec lesquels Jean Moulin était déjà en contact depuis plus d'un an.
Faire de la journée du 27 mai la journée nationale de la Résistance "répond comme le précise le texte, au besoin par chacun ressenti de rappeler le legs à tout le pays échu, de celles et ceux qui ont refusé l'occupation nazie et la collaboration institutionnalisée sous le régime de Vichy." Ni fériée, ni chômée, la commémoration consisterait à ce que dans les établissements d'enseignement, les professeurs consacrent une partie des cours aux thèmes de la Résistance et de la Déportation.
Mais la multiplication des journées de commémoration ne contribue t elle pas à leur banalisation ? N’y a-t-il pas un risque de réserver à quelques uns ces moments de mémoire ? Faut-il alors vers aller une unique « journée commémorative des morts de France », avec des directives plus spécifiques pour l’enseignement ? La résistance a toute sa place dans les cérémonies du 8 mai 1945, dans les manuels et les programmes d’histoire : qu’apporte de plus une journée commémorative ? « Rappeler le legs à tout le pays échu, de celles et ceux qui ont refusé l'occupation nazie et la collaboration institutionnalisée sous le régime de Vichy » ne peut être le fait d’« une » journée !
Nous avons ainsi, de par la loi : la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux " Justes " de France le 16 juillet, les commémorations de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions le 10 mai, la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation le dernier dimanche d’avril ; la Journée nationale d'hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives le 25 septembre ; la journée nationale d'hommage aux " morts pour la France " pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, le 5 décembre ; la journée nationale d'hommage aux " morts pour la France " en Indochine, le 8 juin ; la Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle le 18 juin.
Et plus récemment encore reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc
Sans oublier le 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France, et le 8 mai, journée commémorative de la signature de l’armistice de la guerre 1939-1945, ou le 14 juillet.
Et comment ne pas oublier, dans un autre registre, la Journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes (25 novembre), ou la journée nationale des droits de l’enfant, le 20 novembre; Ou encore les commémorations locales, liéès par exemple à la libération ou au débarquement de Normandie , dans notre Région.
Une Commission chargée de réfléchir à l'avenir et à la modernisation des commémorations et célébrations publiques organisées par le secrétaire d'Etat à la défense, chargé des anciens combattants, avait été décidée en décembre 2007 ! « Il n’est pas sain qu’en l’espace d’une demi – décennie, le nombre des commémorations ait doublé. » concluait son rapport : ne serait il pas opportun de reprendre ses travaux ?
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