N’instrumentalisons pas en France, la victoire de Syrisa en Grèce !

imagesCAO96SLKLa victoire électorale de Syriza est  la victoire de la démocratie. Le « peuple » s’est exprimé et appelle de ses vœux un changement ; il incombe aux élus d’en tenir compte. Cette victoire a été acquise sur la promesse de maintenir la Grèce au sein de l’UE et de l’Eurozone, mais aussi d’alléger la pression de l’austérité. Le mandat de Syriza, c’est de trouver avec l’Europe une solution qui fasse moins mal et permette enfin au pays de se redresser.

C’est entendu, tout le monde aime Syriza. Du moins en France. Même Marine Le Pen, que l’étiquette “d’extrême-gauche radicale” généralement attribuée au mouvement grec, n’effraye pas. Et ce n’est pas illogique que chacun s’y retrouve un peu, puisque Alexis Tsipras lui-même n’a pas attendu pour aller chercher à droite, chez les souverainistes, son allié de gouvernement.

Duflot, Melenchon et Laurent rêvent maintenant d’un destin à la Syrisa : mais qu’est ce qui les réunit, si ce n’est de diviser encore un peu plus la gauche pour des intérêts partisans inavoués si ce n’est contre le PS, sans aucun programme construit !

La baisse généralisée des revenus, la désagrégation des services publics, la dilapidation du patrimoine national, au nom de la nécessité pour chacun de payer ses dettes, a rendu la Grèce exsangue, l’a humiliée… La France n’a pas pour l’instant connu le dixième de cette politique d’austérité.

Reste que la victoire de Syriza pèse sur le devenir de l’Europe tout entière.  Quel que soit le compromis auquel parviendront, vraisemblablement, la Grèce et ses créanciers, la victoire du rassemblement anti-austérité, intervient à un moment ou beaucoup après la BCE, et plusieurs chefs de gouvernement autour de François Hollande et Matteo Renzi , demandent une inflexion de la politique européenne pour plus d’investissements, plus de croissance.

La Grèce a progressé comme je l’indiquais ici : après 6 années de récession, l’économie grecque   renoue  avec la croissance grâce à une moindre baisse de la consommation des ménages et à la reprise du tourisme. De même, le déficit public représente 0,2% du PIB alors qu’il s’élevait à 15% il y a 5 ans … Et il n’est pas inimaginable de renégocier les conditions de la dette existante (échéance – taux d’intérêt) et les contreparties exigées par les créanciers (réformes – engagements).

D’autres réformes restent indispensable pour réduire la corruption ou le travail noir, pour que l’Eglise ou les grands propriétaires fonciers , les armateurs paient leur juste part des contributions fiscales

Des concessions qui ne seraient pas encadrées par un accord de stabilisation signé avec l’UE mettraient en péril le programme d’assouplissement monétaire annoncé le 20 janvier par la BCE et créeraient des précédents, incitant d’autres pays membres à reporter leurs propres réformes.

il n’est pas certain qu’en plaçant les relations avec Berlin au centre des négociations sur la dette et en alimentant ainsi une forme d’anti germanisme, Alexis Tsipras ait choisi la meilleure tactique ; d’autres pays d’ Europe du Nord notamment, partagent les mêmes points de vue et la solidarité européenne n’a rien à gagner d’une opposition entre l’Europe du Nord, qui serait raisonnable, et l’Europe du sud , qui serait dispendieuse.

L’issue ne peut être que la perspective d’un compromis pour alléger la charge d’une d’une dette grecque trop lourde. La véritable victoire de Syriza réside dans son pragmatisme pour y parvenir.

Ne créons pas de nouvelles illusions sans avenir dans notre pays en l’instrumentalisant !

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7 Commentaires

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    • CHATAIGNER sur février 2, 2015 à 11:48 am
    • Répondre

    Cent fois en accord avec toi Dominique.
    GARE aux illusions entretenues chez nous ! Ce que nous consommons et n’acceptons pas de payer aujourd’hui… NOUS (.. ou nos enfants) LE PAIERONS DEMAIN .. Voir le CRDS: 0,5%sur tous les revenus actuels… durablement ? !…
    OK pour une adaptation des charges de remboursement aux capacités des Pays et des citoyens…
    Et surtout… ASSUMONS les réformes nécessaires et indispensables tout en garantissant la cohésion…
    Il faut de la pédagogie et non pas de la démagogie… pente facile et désespérante… à gauche…même s’il est nécessaire de réajuster certains logiciels économiques et sociétaux…
    REFORMER pour ADAPTER aux temps à venir…
    Bravo Dominique d’y contribuer lucidement. MC

  1. Dans son journal politique Dominique Gambier, fait une analyse sur la situation en Grèce qui porte la patte de ce que pense les libéraux du PS .

    Il aurait pu titrer son billet : Évitons la contagion ! Tant il craint que les concessions de Bruxelles à un gouvernement élu par le peuple soient un appel d’air pour les autres peuples d’Europe .

    Cette phrase est significative : « Reste que la victoire de Syriza pèse sur le devenir de l’Europe tout entière. »

    Il est clair qu’en utilisant ce verbe, Monsieur Gambier montre qu’il aurait préféré la victoire de la droite, que Pierre Moscovici était allé soutenir avant le 25 janvier (d’accord en tant de commissaire Européen!) . D’ailleurs il estime que la droite avait bien travaillé puisque : « la Grèce a progressé», la croissance repart, le déficit public représente 0,2% du PIB alors qu’il s’élevait à 15% il y a 5 ans . Une appréciation vu de France, à la longue vue, et que les Grecs ont eux-même jugé .

    Mais ne tirant aucune leçon de l’expression du peuple Grec, Monsieur Gambier, veut les tenir en laisse : « Des concessions qui ne seraient pas encadrées par un accord de stabilisation signé avec l’UE mettraient en péril le programme d’assouplissement monétaire annoncé le 20 janvier par la BCE et créeraient des précédents, incitant d’autres pays membres à reporter leurs propres réformes. »
    Oubliant au passage, que cette opération, annoncée quelques jours avant le scrutin, comme pour peser sur le résultat de celui-ci, n’était rien d’autre qu’une re-nationalisation des dettes, d’un montant du 1 140 Milliards d’euro garantie à 20 % seulement par la BCE .

    On comprend bien dans ces écrits que Monsieur Gambier n’aime pas Alexis Tsipras, il lui prête un anti germanisme qui fait penser à l’inversion des rôles, comme si Madame Merkel depuis des mois, des années s’était comporté comme un ange vis à vis de la Grèce …..

    Il profite de son billet pour distiller son venin de manière châtiée, pour faire moderne j’aurais pût écrire « light » ou « soft » faisant un parallèle inacceptable en ce qu’il nomme « l’extrême gauche radicale » et le fhaine, accusant Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent d’être les diviseurs de la gauche . Faisant semblant d’oublier que le pourvoyeur des soutiens à l’extrême droite et le principal facteur de division de la gauche, c’est la politique de droite que mène le PS .

    L’auteur a cette phrase merveilleuse :

    « Le « peuple » s’est exprimé et appelle de ses vœux un changement ; il incombe aux élus d’en tenir compte. » 

    Eh Oui ! Il me semble qu’il est là le problème .

    Il ne s’agit pas de créer de nouvelles illusions, mais de respecter les engagements pris devant le Peuple .

    1. Votre billet a oublié son titre : « Dominique GAMBIER : l’austérité c’est bon » ; ceci suffit à le discréditer ! ou m’avez-vous vu dire cela ?
      Plutôt que des arguments, c’est surtout votre volonté de dénoncer , à tout prix, les « libéraux du PS » qui vous préoccupe. Ah « libéral » , si vous n’aviez pas ce mot, quel handicap pour disqualifier ! Mais en quoi suis-je libéral ? Si libéral, c’est le refus du conservatisme, ou le respect de la démocratie, j’assume ! si libéral, c’est la tolérance, ou le refus de la bureaucratie, j’assume encore ! si libéral, c’est croire à la toute-puissance du marché, désolé , je n’en suis plus !
      Pourquoi toujours interpréter ce que l’on dit, pour faire dire, ce que vous voulez que l’on dise , ou avez-vous vu que je « crains les concessions », que je « préfère la victoire de la droite », que je voulais « tenir les grecs en laisse » ?
      L’anti germanisme évoqué n’implique en rien que je considère « Madame Merkel comme un ange » !
      Je ne suspecte pas Syriza de créer des illusions : je veux simplement souhaiter que ceux qui transposent rapidement la situation de la Grèce à la France, n’en créent pas pour les Français !
      Plus qu’avec des anathèmes, le débat démocratique avance avec des arguments !

      1. Ah oui !
        j’ai oublié le titre donc je suis discrédité ! (bon ce n’est pas de interprétation ça ?)

        Ce n’est pas moi qui a écrit que “la victoire de Syriza PESE sur l’Europe” !

        Ce n’est pas moi qui a écrit que la droite avait faut du beau boulot !

        Ah Libéral ce n’est pas ce que vous dites, mais une théorie économique, dont je ne vous ferai pas l’injure de penser qu’elle vous est inconnue .

        Cordialement

        1. Je confirme :
          oui elle pèse ….et c’est bien
          je n’ai pas écrit que la droite fait du bon boulot
          Quand au titre, vous me faites dire ce que je n’ai pas écrit et ne pense pas !!
          Quand à libéral, vous pensez ce que vous voulez : je ne m’inscrit pas dans cette doctrine : mais n’oubliez pas que le libéralisme était porté par les révolutionnaires en 1789, tant au plan politique qu’économique : eux savaient ce que signifiait la liberté politique et économique !

            • fourrier sur février 5, 2015 à 10:48 pm

            Vous n’avez pas écrit que la droite avait fait du bon boulot mais ceci :

            “La Grèce a progressé comme je l’indiquais ici : après 6 années de récession, l’économie grecque renoue avec la croissance grâce à une moindre baisse de la consommation des ménages et à la reprise du tourisme. De même, le déficit public représente 0,2% du PIB alors qu’il s’élevait à 15% il y a 5 ans … Et il n’est pas inimaginable de renégocier les conditions de la dette existante (échéance – taux d’intérêt) et les contreparties exigées par les créanciers (réformes – engagements).”

            Alors, pour être tout à fait juste j’aurais dû écrire, que vous estimez que le gouvernement de Nouvelle Démocratie, de Monsieur Samaras, allié avec le Pasok a obtenu de bons résultats .

            Le chômage touche 25,7% de la population active (49,8% des -25 ans) ; le taux de pauvreté s’établit à 23,1%, un record dans l’Union européenne. Les salaires ont diminué d’un tiers, dans la fonction publique comme dans le secteur privé (le salaire minimum s’élève à 586 €) et sont souvent payés avec retard ; les pensions de retraite se sont effondrées et le revenu des ménages a chuté de 35%. Le nombre de fonctionnaires est passé de 900 000 (fin 2009) à 656 000 (fin 2014). Bons résultats aussi !

            Vos propos condescendants sur “eux savaient ce que signifiait la liberté politique et économique” sont méprisant, ils sous entendent que je n’y connaîtrait rien ! Et montre que vous n’acceptez le débat qu’avec les personnes qui sont complètement d’accord avec vous .

    • Laurent sur février 3, 2015 à 5:37 pm
    • Répondre

    @FOURRIER

    Votre commentaire (repris d’ailleurs sur votre blog) est au mieux de la mauvaise foi, au pire un procès d’intention ! Ce genre d’analyse mot à mot en cherchant à démontrer la nécessaire culpabilité de l’auteur relève d’une époque qui, me semblait-il, avait disparu.

    Par exemple, vous reprochez la phrase “Reste que la victoire de Syriza pèse sur le devenir de l’Europe tout entière.”.
    En quoi le verbe peser serait-il péjoratif. Oui, cette victoire a un poids. Cela ne signifie pas que c’est négatif ou positif. C’est un fait.
    D’ailleurs, Alexis Tsipras a lui même affirmé hier que “la fin de la mainmise de la Troika sur le plan de sauvetage de son pays constituerait une avancée nécessaire à l’Europe”. C’est donc une victoire qui a un poids sur la façon dont l’Europe va évoluer.
    C’est tout ce que dit cette phrase.

    Vos autres arguments sont du même style.

    Vous ironisez sur le fait que Gambier espère que le nouveau gouvernement tiendra compte des demandes de changement. Evidemment qu’il faut le souligner car Alexis Tsipras est maintenant aux commandes d’un pays exsangue. II s’est engagé à augmenter le pouvoir d’achat sans creuser sa dette. C’est un engagement difficile et il va devoir faire preuve d’imagination pour le tenir…

    Vous insistez sur ce respect des engagements pris devant le peuple. Mais, il faut aussi rappeler que les engagements pris par un Etat dont la dette est financée par les peuples d’Europe sont tout aussi importants : les français ont apporté 40 milliards au peuple grec, les allemands plus de 50milliards.

    Quand Gambier dit qu’il faut tenir compte du peuple, il souligne donc cette difficulté de respecter 2 engagements fondamentaux.

    ….

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