Mar 11

Elections départementales (2) : Un paysage électoral surprenant !

votePlusieurs études récentes dressent un bilan de la situation du paysage électoral avant les élections de 22 et 29 mars prochains. C’est la première fois que tous les cantons sont renouvelés le même jour , ce qui nationalise ce scrutin habituellement plus local.

 Cette dimension nationale du scrutin n’est à priori pas une bonne nouvelle pour la gauche car le vote sanction devrait s’y exprimer avec une grande intensité. 40% des personnes interrogées ont ainsi l’intention de sanctionner le couple exécutif et sa politique contre 20% au moment des municipales qui avaient pourtant déjà été particulièrement meurtrières pour la gauche.ent/810-1-document_file.pdf

Ce paysage  est d’abord marqué par une division désastreuse de la gauche .

Le PS est présent dans 1552 cantons (78%) sur 1995, mais  atteint 92% si on ajoute les divers gauche , parfois dissidents du PS toutefois ;    468 cas de primaire avec le PS pour les divers gauche , soit radicaux de gauche dans le sud-ouest , soit « Guerinistes «  dans les bouches du Rhône, soit dissidents du PS.

Mais le PS ne doit pas affronter que la seule concurrence de DVG, il est également confronté dans de très nombreux cantons au Front de Gauche (ou à une de ses composantes) et dans une moindre mesure à Europe Ecologie les Verts. D’après l’IFOP, le PS se voit opposé au Front de Gauche et à EELV dans 232 cantons, au Front de Gauche seul dans 731 cantons et aux Verts seuls dans 85 cantons.

Le PS ne sera le seul représentant de la gauche que dans 12% des cantons alors que l’alliance UMP-UDI se retrouvera seule dans son camp au premier tour dans 54% des cantons. De façon plus globale, la gauche ne sera représentée par un seul binôme que dans seulement 21% des cantons alors que la droite sera dans ce cas dans 69% des cantons.

Le PS n’aligne  des binômes que dans moins de 40% des cantons de Lozère, Haute-Savoie, Haut-Rhin ou de la Manche. La présence socialiste est inférieure à 50% des cantons dans l’Aube, l’Eure-et-Loir, le Cantal ou bien encore l’Aveyron et à 65% en Vendée, Orne, Calvados, Marne, Haute-Marne, Meuse, Vosges, Savoie et Alpes-Maritimes. Manche, Orne, Calvados , 3 départements de la  future région normande !

Ensuite il faut  constater une présence massive des candidats du front National. Ce parti n’avait présenté des candidats que dans 51% des cantons en 2008, puis dans 71% des cantons en 2011, pour présenter des candidats dans 95% des cantons à ces élections de 2015. C’est un phénomène nouveau puisque ce parti peut plus facilement obtenir des résultats aux Présidentielles ou aux européennes, que dans des élections locales où il lui était plus difficile de présenter des candidats.  A noter que parmi les 1560 élus municipaux que le FN a fait élire en mars 2014, 1170 sont candidats aux départementales.

A droite 79% des cantons sont couverts par des candidats « officiels », ( 95% si on ajoute 16% de « divers droite »)

Enfin dans une majorité de cas (56% et 62%), les divers se retrouvent en concurrence avec les candidats officiels et il est donc difficile d’agréger leurs scores avec ceux du PS et de l’UMP au soir du premier tour pour déterminer quelle formation est arrivée en tête.

 Ce spectaculaire décalage dans l’éclatement de l’offre politique à droite et à gauche risque d’avoir de lourdes conséquences pour cette dernière. En effet, si on évalue  , comme le fait un récent sondage de l’IFOP, l’abstention à 57%,  le seuil de qualification pour le second tour de 12,5% des inscrits est à 29% des suffrages exprimés soit un niveau très difficilement atteignable pour un parti affrontant une concurrence dans  son propre camp. Et face à un FN porté par une puissante dynamique et une droite beaucoup plus compacte, la perspective de se classer premier ou second (autre possibilité de se qualifier) apparaît compromise dans de nombreux cantons.

En ce qui concerne l’origine socio professionnelle des candidats, on constate   une forte présence des cadres (du privé et du public), qui représentent 17,7% de l’ensemble des candidats, et des enseignants : 8,3%. Mais ces deux groupes sociaux sont inégalement représentés selon les familles politiques.

22,6% des candidats du FN appartiennent à l’une des deux catégories « Ouvriers et Employés », soit 10 points de plus que la moyenne. Malheureusement on notera que c’est au PS que la proportion d’employés et d’ouvriers du privé est la plus faible : 6,5%.

Sur la base de cette analyse du profil des candidats apparaissent de manière très appuyée les tropismes sociologiques de chaque famille politique : la gauche et la fonction publique, l’UMP et les CSP supérieures , et le FN et les catégories populaires du privé. Ainsi la tripartition du paysage politique entre trois blocs : gauche, droite et FN renvoie d’une certaine manière à une tripartition de l’espace social.

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