Mar 06

L’économie numérique : mieux vaut s’y adapter que la refuser !

ECONOM~1« Toute révolution scientifique entraîne une mutation des idées et des mœurs, suscite de nouvelles formes d’expression, annonce une autre révolution, celle des structures économiques et des rapports sociaux »  affirmait François Mitterrand en  1979.

 Covoiturage (blablacar , carpooling… ) , autopartage (buzzcar,oui-car…) , location d’appartements (Airbnb ) ,mutualisation de machines à laver , achat groupé de productions agricoles , financement participatif au Nord (Ulule , kiss-kiss Bank..) , ou pour le Sud (Babyloan…) , … l’économie numérique apporte régulièrement de nouvelles solutions et approches qui bouleversent les acteurs et marchés de l’économie traditionnelle.

Par exemple, les utilisateurs de BlaBlaCar avec 600 000 voyageurs par mois correspondent à 5% des voyages vendus par la SNCF. Airbnb avec plus de 1 million de nuitées vendues en France, présent dans 34 000 villes dans le monde et plus de 1 million de logement est le premier acteur de la location saisonnière.

Tenter de freiner l’essor de ces nouvelles solutions en lui imposant des contraintes supplémentaires est voué à l’échec. Les 15 minutes imposées à Uber pour une réservation de voiture en est l’exemple caractéristique. L’imagination des créateurs de service ira toujours plus vite que la législation et de nouveaux services apparaîtront mettant en danger les acteurs qui n’ont pas su s’adapter ou évoluer.

La seule approche pertinente est de favoriser leur développement tout en aidant « l’ancienne économie » à évoluer et à s’adapter aux nouveaux usages.

 Pour Jean Louis Bianco, « L’économie collaborative constitue une réponse citoyenne à la crise , une nouvelle forme de gestion des ressources , des biens et services , des connaissances , basée sur le partage et l’échange . Des personnes décident de se regrouper et de réagir face au système actuel et au négativisme ambiant . L’émergence d’une » société fluide » , selon l’expression de Joël de Rosnay , est portée par une nouvelle génération de jeunes marqués par internet . préfigurer une économie de l’usage plus que de la propriété , du partage plutôt que de la compétition . »

L’économie du partage , cette révolution en  marche, innerve tous les secteurs tels que les transports, le logement (saisonnier, vacance ou professionnel), l’art, la culture mais aussi la santé et l’éducation.

Ainsi, la Kahn Academy ou de nombreux MOOC permettent de bénéficier de formations totalement gratuites. Les acteurs de la location (Gîtes de France, hôtels) ont été dépassés par les modèles de particulier à particulier. Le transport traditionnel est pris de cours par le covoiturage.

Le crowdfunding apporte à des entreprises que le secteur bancaire ne finance pas les moyens de se développer et de se passer de modèles économiques totalement inadaptés en termes de réactivité et de vision. L’approche de la France pour le crowdfunding a été relativement rapide et a abouti à un cadre satisfaisant pour la plupart des acteurs.

L’économie du partage s’ adresse ainsi à des secteurs qui, précédemment, relevaient en tout ou partie de l’Etat (santé, culture, éducation, art) ou d’acteurs privés avec des modèles de distribution très fermés.Paradoxalement, en se basant sur d’importants investisseurs, cette économie apporte des services avec un modèle de distribution ouvert, humain loin des anciennes approches prédatrices

Par exemple, Avis a mesuré l’enjeu en investissant 500 millions d’euros dans ZipCar le leader de « l’auto-partage ».

Ainsi, pour ne pas disparaître, les acteurs de l’ancienne économie sont contraints de financer l’économie du partage pour survivre !

Il est essentiel de favoriser cette économie du partage, de lui donner un cadre législatif souple qui permette son essor, de faciliter les modèles du numérique solidaire. Cette économie balaye les anciens modèles pyramidaux, où le seul enjeu est le profit. Bien entendu, les fondateurs de BlaBlaCar ou de AirBnb ont pour objectif de devenir millionnaires (et ce n’est pas honteux). Mais ils prennent d’abord l’argent à ceux qui en ont : le marché, la bourse pour ensuite développer des services peu chers, accessibles à tous, voire gratuits.

En facilitant cette économie du partage, l’Etat voit alors des services gratuits ou à faible coût émerger, financés par les marchés, définissant ainsi un cercle vertueux pour l’essor d’une économie réellement plus sociale et plus solidaire !

 Pour aller plus loin , voir cette note de l’IDDRI qui inscrit l’économie de partage dans la problématique de la transition énergétique

 Voir aussi le thème voisin des Achats groupés

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