Un rapport récent , intitulé Grande pauvreté et réussite scolaire, a dressé un bilan sans concession de la situation des 1,2 million d’enfants scolarisés issus de familles « pauvres ou très pauvres ». Alors qu’approche la rentrée scolaire, il n’est pas inutile d’y revenir.
Ce rapport ne s’appuie pas seulement sur de froides statistiques, mais aussi sur des témoignages d’enseignants confrontés à la misère de certains élèves et de parents pauvres. Et il pointe plusieurs phénomènes nouveaux, comme par exemple l’arrivée dans les zones rurales de familles pauvres venant des villes, « sans travail, sans véhicules et sans perspectives », le fait que des dizaines de milliers d’enfants soient aujourd’hui sans soins dentaires ni ophtalmologiques, ou encore le constat de ces agents de cantines scolaires qui voient des enfants « se jeter sur le pain » parce qu’ils n’ont pas mangé depuis la veille. Des enseignants de maternelle de Seine-Saint-Denis racontent que « de nombreux enfants viennent à l’école sans chaussettes et parfois sans chaussures (chaussons) et cela même en hiver ».
Au-delà de l’aspect révoltant de ces faits, le rapport pointe évidemment leurs conséquences en termes éducatifs, avec des enfants pauvres « moins disponibles pour les apprentissages » – ce qui est un euphémisme.
Loin des clichés qui circulent ces temps-ci sur « l’assistanat », le rapport confirme que la grande majorité des familles pauvres ne réclament pas d’aides, parce qu’elles « ne veulent pas la charité » – raconte une assistante sociale. Un directeur d’école de l’académie de Grenoble va dans le même sens : « Le faible nombre de boursiers n’est pas en cohérence avec le poids numérique des catégories socio-professionnelles défavorisées. Nous savons que bien des élèves ne demandent rien, bien qu’en difficulté. »
L’auteur du rapport fait plusieurs dizaines de préconisations. La première d’entre elles, naturellement, est que l’État consacre plus de moyens à ces enfants pauvres. D’autres concernent la formation des enseignants ou le nombre d’infirmières scolaires, de médecins scolaires ou d’assistantes sociales. Il demande également de faire en sorte que « la restauration scolaire devienne un droit sans aucune condition restrictive » et qu’un travail conjoint entre l’État et les collectivités soit mené sur la sectorisation, pour tenter de briser les ghettos. Le rapport suggère que l’État mette en place rapidement des mesures pour inciter les équipes pédagogiques à travailler dans les écoles du réseau d’éducation prioritaire.
Autres pistes évoquées dans le rapport : « Coordonner dans chaque académie et en lien avec les collectivités territoriales, une politique d’aide à l’hébergement en internat pour les publics les plus en difficulté » ; et « renforcer dans le cadre des PEDT le pilotage de l’accompagnement à la scolarité en vue de le rendre véritablement utile à ceux qui en ont le plus besoin et en veillant à ce que cette action se professionnalise sans se substituer à celle de l’école ».
Ces préconisations sont partagées par le Conseil économique, social et environnemental, qui a également rendu un rapport sur la même problématique, avec des conclusions similaires
Commentaires récents