Sep 07

Réfugiés : passer de l’émotion à la prise de conscience!

imagesCAP0BVJYJ’ai déjà à plusieurs reprises évoqué ici la question des réfugiés , en regrettant « un sommet européen bien tristounet sur ces questions », ou le fait qu’on ne devait « pas laisser l’Italie seule gérer ces afflux de réfugiés » ou encore en dénonçant « l’illusion de la sécurité par les murs ».

Il a fallu l’horreur d’une photo d’enfant pour que l’émotion suscite un certain réveil de l’opinion, alors que depuis des semaines s’allongeait la liste des victimes à Lampeduza, à Calais, en Gréce… , qu’on enregistrait 3280 morts en 2014 en Méditerranée ! « La France et l’Allemagne , parce qu’elles sont à leur tour submergées par le problème des réfugiés , donnent maintenant sentencieusement à l’Europe entière des leçons d’humanité et de solidarité à l’égard des migrants … »  remarque Gilles Savary.

J’espère au moins, qu’on passera rapidement d’une émotion passagère  à une prise de conscience durable.

Il n’y a aucun bonheur a quitté son pays et ces réfugiés sont contraints de partir, et « partir c’est mourir un peu » . Ce ne sont pas des terroristes comme certains osent le dire : ils fuient le terrorisme, l’intégrisme, la barbarie !

Ne rajoutons pas à l’émotion en communiquant bruyamment sur l’accueil de ces réfugiés, au risque de  braquer encore un peu plus certains de nos compatriotes légitimement inquiets, au risque de faire peur (car ce n’est pas gagné dans l’opinion !)  plus que d’agir  . N’essayons pas de rattraper le silence coupable de certains responsables politiques  sur ce sujet.

L’émotion spontanée retombera très vite, comme on l’a déjà vu, si ce sujet n’est pas pris en charge réellement par les partis, les institutions dans sa globalité : Ce n’est pas le sujet de la semaine, de la rentrée, ni même de l’année. La question des migrants va occuper l’Europe sans doute  encore longtemps. Il y a encore à construire une vraie prise de conscience collective.

Dans « Le Nouvel Observateur », l’ancien Premier ministre Pierre Mendès France dénonçait en juillet 1979 « l’égoïsme des gens » et le « négativisme » des gouvernements : « Même si, depuis quelques semaines, je suis hanté par ce drame, disait-il, je refuse de m’abriter derrière la seule indignation. Un homme politique c’est quelqu’un qui trouve, propose, oppose des solutions.

Ces solutions ne sont pas faciles car comme le rappelle Roger-Pol Droit  « Nous, les humains » avons envie de tendre les bras . La détresse des migrants n’est pas extérieure à ce nous. D’humain à humain, la souffrance se ressent et se partage directement. De même qu’on se jette à l’eau pour ceux qui se noient, dans le feu pour ceux qui vont périr, l’évidence s’impose d’accueillir d’urgence nos semblables en détresse. ». Mais « Nous les nantis » avons envie de fermer la porte, de déclarer que ce n’est pas notre problème, pas notre vie ni notre responsabilité. Ce nous de l’égoïsme et du repli, est aussi celui de la défense des acquis, de la stabilité sociale, de l’ordre public, du chez soi qui n’est pas chez les autres, ni ouvert à tout vent. Se comparer et se préférer, se protéger en refusant d’aider, ces attitudes existent depuis aussi longtemps que la pitié et ses émotions. », et  « La difficulté tient au fait que chacun appartient toujours à ces deux nous à la fois »

 Les questions à résoudre sont nombreuses : comment accueillir partout et dans de bonnes conditions ces réfugiés ? Comment faire que cet effort d’accueil soit partagé en Europe, en France ? Les communes doivent prendre toute leur place dans un cadre qui doit être fixé par l’Etat ! Les associations doivent être soutenues dans leur démarche d’accueil .

Comment ne plus laisser l’Etat Islamique déployer sans frein sa terreur barbare ? comment associer des pays Arabes comme le Quatar, l’Arabie Saoudite, l’Egypte avec lesquels nous entretenons par ailleurs d’excellentes relations économiques à ce combat ,  et alors que nous poussons des cris de vierge outragée à l’égard de leurs bons amis Poutine et El Assad  : l’ambiguïté n’est plus possible ! N’oublions pas que l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman, Bahreïn et les Émirats arabes unis n’ont jusqu’à présent proposé aucune place d’accueil aux réfugiés syriens.

La politique doit s’appuyer sur des valeurs, sortir de  l’instantanéité, donner du sens à l’action collective : sur cette question , sans doute plus encore !

Pour en savoir plus sur les flux de réfugiés

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