Une élection présidentielle dès le premier tour au Portugal, mais aux conséquences imprévisibles ?

Flag_of_Portugal_svg_ 9,7 millions de Portugais sont appelés aux urnes le 24 janvier prochain pour désigner le successeur d’Anibal Cavaco Silva (Parti social-démocrate, PSD), Président de la République portugaise depuis le 9 mars 2006. La Constitution du pays interdit au chef de l’Etat sortant de briguer un 3e mandat consécutif.

Cette élection présidentielle revêt une importance particulière dans un pays à peine sorti d’une grave crise économique et politique, comme le souligne une note de la Fondation Schuman. Si aucun des 10 candidats en lice n’obtient la majorité absolue lors du 1er tour de scrutin le 24 janvier, un 2e tour sera organisé le 14 février.

Le président de la République portugaise est élu tous les 5 ans au suffrage universel direct. Chaque  candidat   doit être âgée d’au moins 35 ans et obligatoirement recueillir la signature d’un minimum de 7 500 électeurs, signatures qui doivent être ensuite validées par la Cour constitutionnelle.

 La fonction de chef de l’Etat est principalement honorifique. Autorité morale, le président de la République possède deux pouvoirs essentiels : il nomme le Premier ministre (on a récemment vu l’importance de ce pouvoir, et peut dissoudre le parlement , 6 mois après son entrée en fonction, une dissolution qui conduit de facto à de nouvelles élections législatives.

Le président de la République est le chef des armées dont il désigne les chefs d’état-major.   Il nomme les ambassadeurs et peut déclarer l’état d’urgence ou l’état de siège, voire la guerre en cas d’agression réelle ou imminente. Il signe les lois et les décrets votés par le parlement sur lesquels il dispose d’un droit de veto. Sur proposition du gouvernement ou du parlement, il décide de l’organisation de référendums.

10 personnes sont officiellement candidates à la fonction suprême au Portugal, ce qui constitue un record pour le pays: Marcelo Rebelo de Sousa, ancien dirigeant du Parti social-démocrate (1996-1999), soutenu par le PSD et le Parti populaire, ancien ministre des Affaires parlementaires (1982-1983), professeur de droit, pourrait s’imposer dès le 1er tour de scrutin – une quasi tradition de l’élection présidentielle au Portugal – avec 52,50% des suffrages.

Maria de Belem, ancien dirigeante du Parti socialiste (2011-2014), ancienne ministre de l’Egalité (1999- 2000) et de la Santé (1995-1999), se présente en candidate indépendante, recueillerait 18,10% des voix  ;

Le scrutin présidentiel est toujours très personnalisé au Portugal. Les électeurs se prononcent souvent davantage pour un candidat que pour un parti politique même si, paradoxalement, les chefs de l’Etat ont toujours été des figures importantes au sein de leur propre parti politique.

 Les forces de droite sont arrivées en tête des élections législatives le 4 octobre 2015 mais sans obtenir la majorité absolue : la coalition Portugal a frente (Portugal en avant), emmenée par le Premier ministre sortant Pedro Passos Coelho et regroupant le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti populaire (PP), a recueilli 36,86% des suffrages et remporté 102 des 230 sièges de l’Assemblée. Le 10 novembre, une motion de censure a fait chuter le gouvernement minoritaire qu’il avait formé (123 voix contre 107).

Le 23 novembre, le président Anibal Cavaco Silva a proposé au socialiste de former un gouvernement ? Celui-ci  a obtenu le soutien (sans participation) des partis de la gauche radicale : la Coalition démocratique unitaire (CDU) et le Bloc des gauches (BE). Le gouvernement qu’il a formé a obtenu l’aval du parlement le 3 décembre par 122 voix, contre 107 et 1 abstention. Les 3 partis de gauche se sont accordées sur plusieurs points : la fin du gel des retraites, le relèvement progressif du salaire minimum   mais également le respect du cadre budgétaire européen. Le gouvernement socialiste reste néanmoins très fragile.

Une victoire de Marcelo Rebelo de Sousa constituerait une mauvaise nouvelle pour le Premier ministre. Pour l’heure, le candidat de droite reste flou sur les relations qu’il pourrait entretenir avec le gouvernement socialiste. Si le président de la République peut dissoudre le parlement 6 mois après son entrée en fonction, Marcelo Rebelo de Sousa s’est déclaré « défavorable à la tenue d’élections législatives tous les six mois ».

De leur côté, les sympathisants de gauche, et notamment socialistes, apparaissent divisés entre Maria de Belem et Antonio de Sampaio da Novoa. Le Parti socialiste a d’ailleurs annoncé qu’il ne soutiendrait aucun candidat avant le 2e tour.

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