Nous avons déjà évoqué ici la question des dentistes ou celle du numérus clausus en médecine : ces questions essentielles vont devenir préoccupantes si des mesures ne sont pas prises comme heureusement cela a été fait pour comme les infirmiers et de kinésithérapeutes
Sous l’effet du vieillissement de la population, la demande normande en matière de soins de proximité va augmenter ces prochaines années. Déjà faiblement dotée en professionnels de santé, la Normandie va en plus devoir faire face à de très nombreux départs en retraite. Selon l’INSEE, les dynamiques d’installation constatées ces dernières années en Haute Normandie (mais le problème est sans doute le même en Basse Normandie) devraient permettre, si elles se prolongent, d’améliorer la densité régionale en infirmiers et en kinésithérapeutes. Elles seraient en revanche insuffisantes au regard des besoins en nouveaux dentistes et ne compenseraient qu’une part très minoritaire des départs de médecins.
Pour répondre à la demande démographique en matière de médecine de proximité, la Haute-Normandie bénéficie en 2013 de la présence de 4 600 professionnels de santé libéraux, dont environ 1 600 médecins généralistes, 1 450 infirmiers, 600 dentistes et 1 000 kinésithérapeutes. Cette offre de professionnels de santé de proximité situe la Haute-Normandie parmi les régions les moins bien dotées. Au 17e rang des 22 régions pour la densité de médecins généralistes, elle fait même partie des quatre régions les plus défavorisées pour les infirmiers, les kinésithérapeutes et les dentistes (dernier rang).
La Haute-Normandie va, de surcroît, devoir faire face à une augmentation de la demande de soins de proximité en raison de la croissance démographique et du vieillissement de la population .
A contrario, la Haute-Normandie a bénéficié ces dernières années d’un renforcement significatif de la présence d’infirmiers et de kinésithérapeutes, et ainsi d’un rajeunissement de leurs pyramides des âges. À l’inverse, le nombre de médecins et de dentistes est orienté à la baisse et ceux-ci présentent une structure particulièrement âgée : Plus de la moitié des médecins ont plus de 55 ans.
Pour l’offre de médecins, les flux de renouvellement constatés sur période récente s’avèreraient largement insuffisants pour couvrir les besoins de remplacement. Au plan régional, un solde annuel d’une vingtaine de médecins se dégageait ces dernières années (premières installations, mobilités en cours de carrière) : un solde quatre fois plus élevé serait nécessaire pour couvrir les besoins de remplacement qui s’annoncent.
Au contraire des médecins et des dentistes, les flux nets de renouvellement enregistrés ces dernières années pour les kinésithérapeutes, et surtout pour les infirmiers, sont élevés : respectivement 40 et 80 en moyenne annuelle. La poursuite de cette dynamique, à un rythme équivalent, ferait plus que compenser les besoins de remplacement des départs en retraite, et permettrait ainsi d’améliorer la satisfaction de la demande de soins relatifs à ces professions. Les densités correspondantes augmenteraient de 10 % à 15 % environ, mais l’écart avec les densités moyennes nationales ne s’en trouverait réduit que dans une faible proportion.
Entre les 19 territoires de proximité haut-normands, la densité varie du simple au double pour les dentistes, les infirmiers et les kinésithérapeutes. Les écarts sont un peu moins marqués pour les médecins. Le degré de ruralité ne semble pas déterminant pour expliquer les différences entre territoires. Une disparité plus significative ressort entre les territoires de l’Eure, presque tous moins bien dotés qu’en moyenne régionale en médecins et en infirmiers, et ceux de Seine-Maritime. Les kinésithérapeutes sont mieux répartis entre les deux départements, avec une densité plus élevée à Vernon et au Havre. Les dentistes sont davantage concentrés dans les grandes villes, sauf à Dieppe
Au Sommaire
Une densité médicale particulièrement faible en Haute-Normandie
La demande en augmentation sensible, particulièrement en soins infirmiers
Les professions des médecins et des dentistes ont beaucoup vieilli
Une dynamique plus favorable pour les infirmiers et les kinésithérapeutes
Certains territoires très peu dotés
Quatre médecins sur dix cesseraient leur activité entre 2013 et 2022
Le flux de renouvellement des médecins nécessiterait d’être multiplié par quatre
Pour en savoir plus : Le rapport complet , Et ses 3 chapitres :
Les composantes démographiques de l’évolution de la demande de soins de proximité en Haute-Normandie
3 Commentaires
Pour compléter : http://www.apvf.asso.fr/files/notes-techniques/Enquete-La-sante-dans-les-petites-villes.pdf
Merci pour cette étude très intéressante.
De mon petit point de vue de professionnel en exercice, juste un petit bémol.
L’étude projette le modèle actuel et passé de médecins de famille installés en libéral.
Le soucis au contact des jeunes diplômés est qu’ils n’ont aucune envie de s’installer (garçons comme filles) pour plusieurs raisons.
L’offre de remplacement est pléthorique car énormément de médecins cherchent à se faire remplacer du fait de la charge de travail qui va croissante…
Du coup, l’exercice comme remplaçant est très rémunérateur ( rétrocession de 80% des honoraires des médecins remplacés sans payer aucune charge de cabinet…un médecin installé paie environ 50 % de ses honoraires en charge..salaires secrétaire, loyer, …)
Le refus d’une charge horaire du médecin libéral vécue comme inhumaine par les remplaçants.( nombres de remplaçants nous imposent leurs horaires de travail pour accepter de nous remplacer : démarrage de la journée plus tard , fin plus tôt et pause le midi conséquente)
Plusieurs solutions de mon point de vue :
Le numérus clausus en médecine a doublé entre 1997 et 2007 (3500 à 7000 étudiants /an )
Ces étudiants entrés à partir de 2007 commencent juste à arriver sur le marché ce qui va peut être saturer le remplacement et les pousser à s’installer d’une manière ou d’une autre.
La création de maisons médicales publiques qui quadrilleront le territoire avec des médecins salariés très bien rémunérés avec des horaires du bureau, des vacances et un travail en équipe comme le désire la jeune génération de médecins.
Auteur
Je partage tout à fait et avais évoqué cet aspect dans un précédent billet sur le numerus clausus ; les jeunes générations n’acceptent plus les conditions de travail des anciens “médecins de famille de la campagne” d’où l’importance de créer des structures de groupe , privées à l’initiative des médecins , ou publiques : mais il faut alors modifier le financement de la sécurité sociale sur actes, pour que les collectivités locales puissent s’impliquer avec sécurité . Je pense qu’on n’évitera pas une certaine régulation de l’installation , les 10 premières années par exemple, pour éviter que l’augmentation du numerus clausus augment les fuites vers d’autres régions .A suivre car c’est un sujet très important pour les années qui viennent .