Mai 13

Faut-il dénoncer la tyrannie des bons sentiments ?

2234081181La guerre ou le care ? Face au climat de l’époque hanté par le spectre de l’affrontement de tous contre tous, faut-il entrer dans une nouvelle culture du soin, détachée de la tutelle des États, comme le suggère Achille Mbembe, ou refonder le contrat social loin de tout sentimentalisme, comme le préconise Yves Michaud ?

Dans son livre Contre la bienveillance (édition Stock), le fondateur de l’Université de tous les savoirs et  philosophe,  Yves Michaud, traite de la montée du fondamentalisme religieux et des populismes dans un contexte inédit dans lequel la classe politique est  discréditée. « Je trouve qu’on est dans une politique compassionnelle, politique de l’émotion, politique de spectacle, de la minute de silence, de la marche blanche. On oublie les finalités du politique en se précipitant dans la bienveillance » qui ferait monter le populisme. Selon lui, ce dernier « capitalise sur l’ensemble des souffrances et capitalise au maximum l’électorat. »

Par ailleurs, l’auteur de ce « livre sur le contrat social » n’est pas opposé au statut d’apatride. « La déchéance de nationalité sanctionne la rupture des conditions élémentaires du contrat social comme la liberté d’expression ou la liberté de vivre en paix. Personnellement, je ne vois pas du tout d’inconvénient à ce qu’on créé des apatrides avec les droits d’un étranger, y compris des apatrides vivant chez nous. »

En matière de politique étrangère, Yves Michaud a deux cibles : Bernard-Henri Lévy et Bernard Kouchner. « On constate que toutes les initiatives dites humanitaires, de soutien à la démocratie, se sont soldées par des catastrophes. Les pays doivent agir dans leur sphère d’influence : imaginons que Marine Le Pen soit élue présidente de la République, est-ce que les Français accepteraient qu’il y ait une intervention syrienne en France pour rétablir la démocratie, tout le monde trouverait ça lunaire », termine le philosophe « descripteur ».

Pour lui, Il faut dénoncer la tyrannie des bons sentiments, la politique de l’émotion et de la compassion. Non que la bienveillance soit un sentiment indigne, mais nous devons cesser de croire qu’on peut bâtir sur elle une communauté politique.

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