Non-salariés : nombre en croissance et changement de nature dans leur activité

artisan-boulangerLes non-salariés sont 135 500 en Normandie et de plus en plus nombreux, selon une note de l’INSEE . Leur progression est un phénomène récent. Depuis plus d’une décennie, l’emploi non salarié augmente . C’est un changement important par rapport aux décennies passées, marquées par la progression relative  de l’emploi salarié , en raison de la   baisse du nombre des agriculteurs, de  la   progression de la  production de masse  au détriment de l’artisanat, et d’une autre forme d’évolution du commerce avec la grande distribution . Le ralentissement de ces évolutions renforce l’emploi non salarié dans certaines professions des services, comme la santé, et désormais ces baisses ralentissent tandis que les progressions dans les services s’accélèrent.

Par ailleurs l’augmentation du  chômage , les difficultés à garder un emploi stable, ont  généré une forte pression sur les personnes sans emploi ou en situation de précarité pour qu’ils créent leur propre emploi, et donc pour sortir du salariat. La création du statut d’auto-entrepreneur, le 1er janvier 2009, est venue accompagner ces nouveaux comportements.

En Normandie, la croissance de l’emploi non salarié est  plus récente qu’en France et un peu plus faible. Ainsi, entre fin 2007 et fin 2013, les emplois non-salariés ont augmenté de 12 400, et même de 14 500 hors agriculture, sylviculture et pêche. Sur ces six années, les effectifs salariés ont baissé, eux, de 57 000. Par conséquent, la part de l’emploi non salarié augmente.

 Alors qu’elle était tombée sous les 9 % au début des années 2000, elle est remontée à 10 % fin 2013, comme en France :  un réel retournement est amorcé. Pour autant, la croissance de l’emploi non salarié ne compense pas encore la baisse de l’emploi salarié.

En 2011, parmi les 135 500 non-salariés normands, les agriculteurs sont les plus nombreux (28 600). Viennent ensuite les commerçants, artisans des métiers de bouche et les pharmaciens (25 100 au total). Ce sont des activités traditionnelles peu pénétrées par le salariat. L’indépendance du non-salarié peut être plus ou moins réelle. Dans le commerce, par exemple, le développement de la franchise fait cohabiter indépendance formelle du non-salarié et lien avec un réseau de distribution.

23 000 personnes travaillent dans les services aux particuliers (hors activités de santé), dans des métiers tels que coiffeurs, restaurateurs, hôteliers et enseignants.

Moins nombreux sont les non-salariés dans les services aux entreprises (divers services de soutien, comptabilité, expertise…) ou dans la construction (respectivement 17 500 et 15 900). Les non-salariés travaillant dans l’industrie  sont relativement peu nombreux (4 700).

Parmi ces 135 500 non-salariés, près de 20 000 (15 %) sont des auto-entrepreneurs. D’où l’augmentation de près de 15 000 du nombre de non-salariés entre le 1er janvier 2009, date de la mise en place du nouveau statut, et fin 2013. La proportion des auto-entrepreneurs est désormais de un sur deux dans certaines activités de services aux personnes ou aux entreprises (coaching, publicité, traduction, conseil, communication…). L’investissement nécessaire pour le démarrage de l’activité y est en général faible, ce qui rend plus facile la décision de franchir le pas de la création d’entreprise.

 La proportion d’auto-entrepreneurs est forte également dans les activités artistiques et culturelles ainsi que dans l’enseignement (autour de 40 %). En revanche, elle est faible dans des professions « installées » (finances, assurance, hébergement et restauration, métiers de bouche…), où l’investissement de départ peut ne pas être négligeable, et nulle dans les professions réglementées de la santé (médecins, dentistes, …).

Un tiers des auto-entrepreneurs de Normandie exercent une activité salariée, dans le même domaine d’activité ou non. Chez les travailleurs indépendants « classiques », la pluriactivité est rare

Sept emplois non-salariés sur dix sont occupés par des hommes, alors que la proportion est seulement de un sur deux chez les salariés. Parmi les non-salariés, les taux de féminisation les plus forts se situent dans certaines activités de service

Un non-salarié sur dix a 60 ans ou plus (contre 2 % chez les salariés). Les non-salariés adaptent parfois leur activité à leur âge, celle-ci pouvant devenir occasionnelle ou intermittente, représentant en quelque sorte une transition vers l’inactivité.

En 2011, les non-salariés normands ont déclaré en moyenne aux organismes de protection sociale un revenu de 2 550 euros par mois tiré de leur activité non salariée dans l’ensemble des secteurs non agricoles et de 1 480 euros dans l’agriculture.

Hors auto-entrepreneurs et hors agriculture, le revenu moyen déclaré par les non-salariés s’élève à 3 030 euros par mois . Mais il est très inégal selon la profession. Il est le plus faible dans les arts et le spectacle (960 euros),  et atteint son maximum chez les médecins, dentistes et pharmaciens, et dans les activités juridiques et comptables (8 500 euros). Les commerçants, quant à eux, déclarent en moyenne 2 390 euros par mois, et les artisans du bâtiment et de l’industrie 2 550 euros par mois.

En bas de l’échelle, près de 10 000 non-salariés (hors agriculture) ont déclaré un revenu nul en 2011, 4 % seulement des auto-entrepreneurs et 10 % des indépendants « classiques ».

Les 10 % de personnes les mieux rémunérées ont un revenu 16 fois supérieur à celui des 10 % de personnes les moins bien rémunérées. Ce rapport, qui mesure les inégalités de revenu, est quatre fois inférieur chez les salariés du privé.

A noter que la répartition des non-salariés en Normandie reflète celle des différentes activités sur le territoire. Leur proportion dans l’emploi total est relativement faible dans les zones urbaines. En revanche, dans les zones rurales ou excentrées, où l’on trouve davantage d’agriculteurs ou d’artisans, ils peuvent représenter un cinquième voire un quart des emplois (comme dans les bassins de vie de Périers, Agon-Coutainville ou Livarot).

Au Sommaire
·         L’effet auto-entrepreneurs
·         135 500 non-salariés en Normandie en 2011 135 500 non-salariés en Normandie en 2011

·         Auto-entrepreneur et salarié
·         Une majorité d’hommes et une propension à prolonger l’activité au-delà de 60 ans dans certaines professions
·         De fortes inégalités de revenus

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