Oct 17

Inégalités face à la pollution : beaucoup commence au travail

images Près d’un salarié sur trois respire des fumées ou des poussières ou est en contact avec des produits dangereux pour sa santé sur son lieu de travail. Un sur dix est exposé à au moins un produit cancérogène. Ce sont d’abord les travailleurs des milieux populaires qui subissent ces nuisances, selon l’observatoire des inégalités

Porter des sacs de ciment à longueur de journée sans protection, cela use le corps, mais cela constitue aussi un risque pour vos poumons à cause de la poussière de silice qui s’y incruste petit à petit. Près d’un tiers des salariés sont exposés à des risques d’infection, trois sur dix respirent des poussières ou sont au contact de produits dangereux, selon le ministère du Travail ;16 % travaillent dans le bruit et un sur dix est exposé à un produit cancérogène. S’il existe des inégalités en matière d’environnement, de pollution ou de nuisances, c’est dans le travail qu’elles sont les plus grandes, bien avant le lieu de vie. Et le milieu social détermine une grande part de la pollution ainsi subite.

Les deux tiers des ouvriers déclarent respirer des fumées ou des poussières sur leur lieu de travail contre un cadre supérieur sur dix. Cinq fois plus d’ouvriers que de cadres subissent des nuisances sonores, 52 % sont en contact avec des produits dangereux contre 13 % des cadres. Les employés sont deux fois plus nombreux que les cadres à être exposés à des risques infectieux. L’écart est encore plus important en ce qui concerne l’exposition à au moins un produit cancérogène – comme l’amiante – selon le ministère du Travail (données 2010) : douze fois plus d’ouvriers qualifiés que de cadres sont confrontés à ce risque environnemental.

Les travailleurs les moins qualifiés sont les plus confrontés aux nuisances de l’environnement de travail. Des salariés souvent jeunes, mal rémunérés, à qui l’on fait subir les conditions de travail les plus dégradées. Ce n’est pas le cas pour les produits cancérogènes dont la manipulation demande un minimum de qualification : la part de salariés exposés est plus grande chez les ouvriers qualifiés (28 %) que chez les ouvriers non qualifiés (19 %).

Bien sûr, il ne faudrait pas se méprendre, les conditions de travail d’aujourd’hui n’ont plus grand chose à voir avec celles des années 1950. On utilise de plus en plus de protections, on filtre mieux les poussières. Mais les progrès dans ce domaine ne sont pas linéaires. Hormis pour les poussières, l’environnement de travail s’est plutôt détérioré entre 2005 et 2013, qu’il s’agisse des produits dangereux, des risques d’infection ou du bruit.

La question de l’environnement occupe largement le débat public. Mais il s’agit bien plus souvent de bien manger ou de respirer un air pur (préoccupations majeures des élites diplômées de centre-ville) que de protéger les travailleurs des agressions de leur environnement. Pourtant, en la matière, les risques et les inégalités sociales sont énormes. Les conditions de travail des milieux populaires,  sont très éloignées de l’univers aseptisé des bureaux et des ordinateurs silencieux. A l’usure du corps s’ajoute l’agression de l’environnement. Le travail c’est aussi le bruit, la chaleur, les poussières ou la manipulation de produits qui donnent le cancer. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’au cours des années récentes les écarts se sont plutôt accru même si les comparaisons sur une longue période sont  difficiles.

 

 

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