On attend toujours la formation des dentistes en Normandie ! A plusieurs reprises , j’ai alerté ici ou encore là ,sur la faiblesse du nombre de dentistes dans notre région : rien ne peut justifier que la Normandie soit aujourd’hui la seule région en France ou l’on ne forme pas de dentiste.
Trois éléments d’actualité, me conduisent à revenir sur ce grave handicap de santé publique pour notre région :
La Cour des comptes vient de rendre publique son rapport annuel sur la sécurité-sociale ; les frais des soins bucco-dentaires sont montrés du doigt notamment les dépassements abusifs des consultations. Les tarifs libres engendrent des inégalités territoriales à l’exemple du tarif moyen d’une couronne qui varie de 327 à 686 euros en Province contre 369 à 1 090 euros à Paris. Le reste-a-charge des patients demeure important (25% des frais en moyenne) après la participation de mutuelles (39% en moyenne) sauf pour ceux qui bénéficient de la CMU-C. La conséquence est que 17,5% des assurés sociaux renoncent aux soins dentaires de base, 68% renoncent à la pose d’une couronne, d’un bridge ou d’un implant… soit 4,7 millions de personnes. 41% des assurés sociaux renoncent aux soins parce qu’ils ne disposent pas d’un mutuelle. Concrètement, sur les 10,6 milliards d’euros de soins dentaires recensés en 2014, seulement 33% ont été remboursés par l’assurance maladie obligatoire. Un taux en baisse de 3 points par rapport à 2006.
Ensuite des négociations se sont engagées avec le ministère, l’Assurance-maladie, les complémentaires santé et les syndicats de chirurgiens-dentistes pour fixer les tarifs pour les cinq prochaines années. la ministre de la Santé, a annoncé que l’État allait mettre 200 millions d’euros sur la table pour améliorer le remboursement des soins dentaires. La somme figurera dans le budget de la Sécurité sociale de 2017, mais la négociation promet d’être difficile.
Enfin les péripéties qui agitent la Belgique , montrent bien notre insuffisance de formations: beaucoup d’étudiants français partent faire leurs études en Belgique ; cet afflux perturbe l’installation des professionnels en Belgique ; un numérus clausus a été installé, et la proportion de de non-résidents a été limitée à à 30% des inscrits , mais le gouvernement belge est revenu sur une partie de ses récentes décisions pour éviter la question des reçus-collés, et les autoriser à poursuivre leurs études
Notre région n’est pas à l’écart de ces difficultés générales , mais l’absence de formations dentaires en accroit encore l’impact . Un progrès a été réalisé ces dernières années avec les stages offerts au CHU de Rouen (Saint julien) et au centre hospitalier du Havre. Ces fauteuils offerts , grâce au soutien des collectivités locales, permet à des élèves en 5ème ou 6ème année, de finir leur formation à travers des stages ; le succès est réel en terme de réponse à des besoins sanitaires, mais on est toujours dans la situation ou de jeunes normands pour devenir dentiste doivent partir faire leurs études ailleurs
Mais il faut aller plus loin en créant un vrai département dentaire à la faculté de médecine –pharmacie de Rouen ; il faut maintenant mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du contrat de plan Etat-Région qui a inscrit à la page 46, la « Création d’un département d’odontologie : aménagement de locaux universitaires (Martainville) », avec 1million de prévu pour l’accueil dans les bâtiments de la faculté de Médecine Pharmacie
C’est une urgence sociale et sanitaire car notre région ne peut rester avec un tel retard dans le nombre de dentistes par habitants
1 Commentaire
Au delà de ce constat, un réel problème se pose au niveau plus particulièrement des retraités qui sont de plus en plus pénalisés pour accéder aux soins dentaires mais aussi d’optique puisque malgré l’instauration de mutuelle à l’initiative de Marisol Touraine, les retraités ne sont toujours pas concernés par une mutuelle à prix groupe modulable en fonction des garanties, le lobby des mutuelles s’y refusant. Seule possibilité aujourd’hui habiter une des rares communes ayant fait le choix de rejoindre l’organisation macommune.masante.org.Je finirais en ajoutant que le problème financier de santé est accentué par le fait que les retraités n’auront pas vu leur retraite augmentée pendant 4 ans et que même pour les actes de chirurgie nombre d’entre d’entre eux se refusent à signer la charte de modération des coût d’actes et demandent un supplément non pris en compte par les mutuelles. D’où renonciation de plus en plus de retraités à certains frais de santé couteux et à une mutuelle en moyenne deux fois plus chère que pour les actifs.