La lutte contre pauvreté, ou les difficultés scolaires, concerne tous les territoires

A l’heure où on repense les politiques publiques, et si l’on veut mettre en place des politiques publiques qui répondent aux besoins, il y a urgence à mieux comprendre le territoire et faire la part des choses. La réponse à apporter dans ce domaine aux jeunes, aux familles (monoparentales en particulier) ou aux personnes âgées diffère bien davantage par leurs caractéristiques démographiques que leur lieu de vie.

Pour beaucoup, la pauvreté se concentrerait dans les quartiers dits « prioritaires » situés en banlieue des grandes villes, victimes d’un « apartheid urbain ». Une façon de réduire les politiques pour pauvres à des politiques territoriales sur un périmètre limité, le raisonnement étant identique pour les difficultés scolaires. Ce faisant, on oublie alors l’immense majorité des pauvres qu’ils vivent en ville, dans le périurbain ou en milieu rural.

Selon le centre d’observation de la société et l’INSEE, moins d’un quart des personnes pauvres vivent dans un quartier dit « prioritaire » de la « politique de la ville » , Politique destinée à compenser les difficultés sociales rencontrées par la population d’un ensemble de quartiers où les niveaux de vie sont les plus faibles de France.

C’est logique : ces territoires, si souvent mis en avant, ne rassemblent qu’une toute petite partie de la population : 4,8 millions sur 58,9 millions, soit 7,5 %. Dans ces quartiers, la part de personnes pauvres est très élevée : 42 % en moyenne, plus de trois fois la moyenne nationale. Certains quartiers prioritaires connaissent des situations bien pires, avec des taux de 60 % voire 70 %.

Mais, au total, deux millions de personnes pauvres vivent dans ces quartiers, moins du quart de l’ensemble (23 %). 6,8 millions de pauvres (77 %) vivent hors de ces territoires.

 Le même phénomène peut être constaté sur les difficultés scolaires : Les trois quarts des 3,2 millions d’élèves issus de milieux défavorisés étudient dans des établissements classiques, qui ne sont pas intégrés aux réseaux dits « prioritaires » de l’éducation, selon les données du tableau de bord national publié par le ministère de l’Education nationale. L’éducation prioritaire a pour objectif de compenser les difficultés économiques et sociales des habitants de certains quartiers en attribuant davantage de moyens aux établissements qui s’y trouvent. Mais ces territoires ne rassemblent qu’une partie très minoritaire des populations défavorisées.

Au bout du compte, un quart des élèves défavorisés étudient dans des établissements de l’éducation prioritaire, soit 870 000. Heureusement : cela signifie qu’il existe encore de la mixité sociale en France, que des enfants de milieu modeste habitent dans des quartiers qui le sont moins. Cela veut aussi dire que les dispositifs de l’éducation prioritaire, quoi qu’on pense de leurs effets 2, ne répondent en rien aux trois quarts des élèves issus de milieu défavorisés. Si l’on souhaite que les politiques publiques soutiennent ces jeunes qui n’ont pas les mêmes atouts que les autres en poche, il faut donc agir bien au-delà de ces territoires.

L’éducation prioritaire n’est donc qu’un moyen très incomplet pour lutter contre les inégalités sociales à l’école. Cette remarque est valable pour l’action territoriale en générale. Elle peut être utile localement, mais c’est un outil qui ne touche qu’une par réduite des milieux populaires.

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