Le vieillissement de la population est-il exagéré ?

La population française vieillit, le phénomène est connu. L’âge moyen de la population a légèrement diminué entre le milieu des années 1940 et le milieu des années 1960, de 35,7 ans à 34,7 ans du fait du baby-boom. Depuis, il a repris une progression en réalité déjà entamée dans la première partie du XXe siècle : il est remonté à 41,4 ans en 2017.

La part des plus de 60 ans a augmenté de 16 % à 24,2 % entre les années 1950 et aujourd’hui. Depuis 2014, elle dépasse celle des moins de 20 ans, qui représentait un tiers de la population à la fin des années 1960.

Ce vieillissement résulte de deux grands facteurs : l’allongement de la durée de vie d’un côté, et la baisse de la fécondité après une période exceptionnelle de baby-boom, de l’autre. Il n’est que partiellement compensé par l’immigration. Ce sont deux bonnes nouvelles : le niveau de santé s’améliore et on contrôle mieux le nombre d’enfants que l’on met au monde. Dans notre histoire démographique, la baisse de la natalité est ancienne, elle date du XIXe siècle et c’est plutôt le baby-boom (1945-1965) qui constitue une exception.

Selon L’observatoire des sociétés l’ampleur du vieillissement de la population est souvent exagéré, dramatisée en France. Les sexagénaires d’aujourd’hui ne sont pas comparables à ceux des années 1950, tant du point de vue de la santé que des modes de vie. L’âge n’est pas une notion fixe : il évolue dans le temps.

 Ainsi, si l’âge moyen a augmenté de sept années entre le milieu des années 1960 et le milieu des années 2010, l’espérance de vie a augmenté de 13 ans pour les hommes et de 11 ans pour les femmes. C’est l’ensemble de l’échelle de la vie qui s’est étiré. A partir de 2020, les décès des premières générations du baby-boom joueront dans le sens du rajeunissement de la population ou au moins d’une stabilisation de la structure par âge (si la fécondité se maintient).

Il faut se garder d’exagérer l’impact global d’un vieillissement qui demeure très relatif. Ainsi par exemple, les pays où la part des personnes âgées est la plus importante dans la population ne sont pas, et de loin, les moins innovants ou dynamiques, ni les plus conservateurs au plan politique, comme le montre la situation de nombreux pays du Sud.

Pour autant, il faut s’adapter à cette évolution. Dans un contexte de chômage de masse, l’équilibre du régime des retraites est très délicat dans un système par répartition (les actifs financent directement les pensions). Il faut par ailleurs trouver de nouvelles ressources pour la prise en charge des aînés, qui pourra de moins en moins l’être par les femmes de la génération suivante. De plus en plus souvent actives, elles portent d’autres aspirations. A l’avenir, nos sociétés verront enfin un nombre croissant de générations coexister, des arrières grands-parents aux petits enfants.

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