La France a enregistré plus de 100 000 demandes d’asile l’an dernier, selon les chiffres définitifs publiés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), et rapportés par l’AMF. Ce bilan confirme un bond des dossiers albanais, bien devant les pays en crise comme l’Afghanistan ou la Syrie.
L’Ofpra est un établissement public administratif créé par la loi du 25 juillet 1952. En charge de l’application de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, puis de la Convention de New York de 1954, il statue en toute indépendance sur les demandes d’asile et d’apatridie qui lui sont soumises.
Au total, 100 755 demandes ont été enregistrées en 2017 par l’Ofpra, ce qui représente une hausse de 17,5 % par rapport à 2016, selon le rapport annuel de l’Office. Un « cap symbolique » a été franchi, « sans que cela constitue un afflux massif », conclut le rapport alors que va être examiné le projet de loi « Asile-immigration ».
Les premières demandes (hors mineurs et réexamens) se sont établies à 73 802, là aussi un plus haut historique, le précédent « pic » ayant été atteint en 2003 dans le sillage des guerres en ex-Yougoslavie, selon ce document .
Le taux de protection est passé à 36 % contre 38 % l’année précédente, du fait que beaucoup de demandeurs venaient de pays où l’absence de conflit ou de persécution justifiait peu une demande d’asile.
La demande albanaise a bondi à 12 131 dossiers au total (mineurs et réexamens compris), soit une hausse de 60 % en un an, après avoir déjà doublé l’année précédente. Ce phénomène, attribué en grande partie à des motivations économiques, a connu « un infléchissement au second semestre », selon l’Ofpra. Mais il inquiète le ministère de l’Intérieur qui a inclus plusieurs mesures pour décourager les demandes abusives dans son projet de loi, au risque, selon les associations, d’une réduction des droits.
Viennent ensuite l’Afghanistan (6 671 demandes), la Syrie (5 824), Haïti (5 744), qui concerne surtout la Guyane, et le Soudan (4 823).
Autre confirmation : la forte progression des pays d’Afrique de l’ouest et francophone, notamment des Ivoiriens dont la demande a plus que doublé (3 745 dossiers), des Guinéens (+50 % à 4 292) et des ressortissants de République démocratique du Congo (4 228).
En France l’année 2017 a également vu « une augmentation des demandes concernant les mineurs isolés », avec une hausse de 24,7% à 596 dossiers. Paradoxalement, cela souligne aussi combien ces jeunes demandent peu l’asile, puisque dans le même temps quelque 15 000 mineurs isolés ont été placés l’an dernier auprès de l’Aide sociale à l’enfance.
Pour 2018, le début de l’année se caractérise par une « baisse importante de la demande albanaise, un ralentissement de la demande haïtienne et une hausse marquée de la demande géorgienne ».
Cette hausse de la demande géorgienne semble la nouvelle inquiétude des autorités françaises, qui évoque une « explosion » des dossiers géorgiens.
A noter que, pour avoir un tableau complet de la demande d’asile, il faut ajouter aux chiffres de l’Ofpra les migrants ayant déposé un dossier en préfecture mais relevant d’un autre pays européen aux termes de la procédure dite « de Dublin ». La demande atteint 121 200 dossiers au total, selon l’Intérieur, pour qui la procédure Dublin représente désormais « 36 % de la totalité de ces demandes d’asile ».
En ce qui concerne les délais d’instruction, ils sont descendus à un niveau « historiquement bas » qui est « proche de trois mois ». L’un des objectifs du projet de loi « Asile-immigration » est de ramener à six mois, passage en préfecture et recours compris, le délai total d’instruction des demandes, pour entamer rapidement le travail d’intégration des réfugiés ou, a contrario, pouvoir expulser les déboutés avant qu’ils aient eu le temps de tisser des liens en France.
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