Je passe mon Bac en 1965 et rentre dans les classes préparatoires du lycée Corneille. Reçu à l’école des ponts et chaussées en 1967, je préfère refaire une année pour tenter d’autres écoles. Au printemps 1968, je termine donc les prépas à Corneille.
En avril 68 éclate de façon surprenante un mouvement parmi les élèves de « math spé » du lycée : son objet est d’obtenir l’équivalence avec les deux premières années de la fac science pour ceux qui voudraient la rejoindre (c’est l’époque du cloisonnement total entre l’université et les prépas !) : je revois notre professeur de math, Jacques Bouteloup « hurlant » après nous dans la cour de Corneille pour nous dire que notre objectif, c’était les concours !
Très vite c’est en effet le passage des concours : je me souviens du passage du concours de polytechnique sous la protection des gendarmes dans les sous-sol de la préfecture devenue aujourd’hui conseil départemental. Certaines épreuves d’autres concours sont parfois reportées de quelques jours, car un centre, quelque part en France, a été « empêché » de fonctionner !
La curiosité, l’intérêt, me poussent à des visites certains jours en soirée, à l’université de Rouen, à des discussions avec des militants du PSU que j’ai rejoint, car refusant la « violence révolutionnaire » de certains groupes gauchistes : c’est à cette époque que je rencontre Pierre Bourguignon, Ginette David, Libertad Héliot, Dominique Pouchain, Robert Dubreuil….
Mais les oraux reprennent vite le dessus dès la fin juin et tout juillet. Reçu à l’école centrale je rejoins cette école dès l’automne.
Commencent alors, simultanément à mes études d’ingénieur, un autre parcours à Dauphine qui vient d’ouvrir (nouveauté de 68 !) un cursus d’économie pour élève ingénieur.
Parallèlement mon engagement au PSU, et à l’UGE (L’UNEF des grandes écoles) ou je siège au bureau national, m’amène à rencontrer à de nombreuses reprises Michel Rocard .
À l’été 71, Je suis ingénieur et j’ai réussi ma maîtrise d’économie : une double formation qui me « poursuivra » par la suite.
Mais pendant les études à centrale, on doit suivre les IMO (Instruction Militaire Obligatoire) : pas facile en cette période où l’armée n’est pas toujours bien perçue !
Cette préparation militaire, outre un entraînement régulier à Satory près de Versailles, nous oblige à des périodes militaires de trois semaines pendant l’été, d’abord à Saint Cyr, puis l’année suivante à Angers ; j’y attrape une Hépatite, et malgré mon grade de sous-lieutenant, l’armée me réforme.
Cet incident de santé, m’empêche de rejoindre tout de suite comme prévu, le service économique d’EDF ; profitant de ma double formation math et économie, le doyen d’économie de Rouen Jacques Cedras me propose alors de faire quelques cours de statistique à l’université pendant l’année 71/72 ; le changement s’opère et à la rentrée 72, on me propose un poste, et je débute une thèse ; un cycle se termine pour moi avec un investissement total dans ce travail de recherche : un cycle qui a marqué ma formation, qui a marqué mon engagement !
Je soutiens ma thèse en 1976 et je ne reviens vraiment à la politique qu’en 1981
10 Commentaires
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Hou là là ça ne nous rajeunit pas! Moi en 68 J’étais en 4ème et je gardais les enfants des grévistes de l’usine Maillard dans les locaux des éclaireurs de France pour qu’ils puissent faire des piquets. Et mes parents étaient bien sûr totalement investis avec organisation de caisse de solidarité etc.
Plutôt des bons souvenirs! Et ensuite en fac d’éco j’ai eu un jeune prof de TD, barbu, plutôt sympa qui fut três indulgent envers mon désamour des maths .
Auteur
oui Françoise je me rappelle très bien ces TD : j’avais quelques années de plus que vous, et la barbe était une séquelle !!! ! je ne voulais pas que les math deviennent l’alpha et l’omega du recrutement en économie, et j’avais une attention particulière pour une jeune et brillante littéraire que je ne voulais pas voir échouer à cause des math …. rétrospectivement elle a plutôt très bien réussi et je n’ai pas eu tord, n’est ce pas ?
Très intéressant, Dominique, et bravo pour le cursus ! J’ai connu Robert Dubreuil, sur le tard, quand il était à la retraite. Un des aspects de ce prof, à coté de ses compétences précises et profondes, = sa grande générosité, son empathie teintée d’humour. En mai 68 dans les villes moyennes (on en parle rarement), il ne s’est en général pas passé grand chose côté militantisme ; quelques rares défilés de grévistes (s’il y avait une ou plusieurs grosses entreprises ; pas forcément le cas! ) et le ou les lycées ne fonctionnant plus à partir en gros du 10 mai. Donc un énorme mois de vacances supplémentaires pou la plupart des lycéens, une minorité tenant des AG avec beaucoup, beaucoup de paroles, pas ou très peu d’actes et aucune dégradation. C’est mon souvenir d’Auxerre – préfecture quand même – donc je pense que c’était un peu la même chose à Troyes, Cahors, Chartres, Mende, Bourg-en Bresse, Laon, Moulins….Dernier point : suis choquée de ce qui s’est passé hier à Arcueil. Passer un examen ou un concours à Arcueil, cela signifie se lever très tôt, après parfois des semaines voire des mois de travail intense, du stress que l’on essaie de surmonter car l’enjeu est parfois fort, etc (= souvenirs perso !)
Auteur
Merci Cécile ! un peu de nostalgie de coute rien et fait plaisir ! Sur Arcueil je partage totalement .. surtout que les étudiants qui bloquent, se moquent de la fac.. et la présence d’un Député avec son écharpe est pour moi une honte pour la République !
Mes propres souvenirs ont été publiés dans ETUDES NORMANDES .. (“” Mai 68 vu du campus ” )30 ans après ,donc au printemps 1998 .. . Résumé de ces quelque 30 pages: quelques espoirs et beaucoup de gâchis , du temps perdu ( pas pour tout le monde …) ..et de belles carrières ( pour certains …). Et 50 ans après : l ‘impression d’ un mauvais ‘remake ‘dans certaines universités en particulier ..
F. Gay Printemps 2018
Nostalgie
Des images me reviennent.
Octobre 1967 première nomination aux guichets de la poste du Havre principal,première carte à la cfdt
La cgt e était largement majoritaire surtout chez les facteurs.
Arrive mai 68: assemblées générales, occupation du bureau, des défilés presque quotidiens dans les rues du Havre.
L’ambiance était conviviale même s’il fallait jouer des coudes pour exister face à la c g t.Son service d’ordre était impressionnant,avec les dockers devant, derrière et sur les cotés on était à l’abri.Le cortège pouvait avancer.On chantait on criait un slogan revenait souvent :”De Gaulle dix ans ça suffit”.
On sentait que l’obsession de la c g t était de ne pas se laisser déborder.tous les cadres et les militants du syndicat et du p c étaient mobilisés,chacun à sa place tout semblait réglé d’avance.
Une autre image:le repas chez mes parents le dimanche midi.Mon père etait brigadier de police et fervent Gaulliste.Je lui disais:J’espère que tu me préviendras si un jour la police veut nous déloger au havre principal.
_Mais qu’est ce que tu crois,des fois cinq minutes avant de partir on ne sait pas ou l’on va aller.
Ma mère;” Vous n’allez pas recommencer taisez vous et mangez.”
Nostalgie
Auteur
Voila une phrase que l’on a tous entendu : ” Vous n’allez pas recommencer taisez vous et mangez. » Nostalgie !!
?
Je suis nommé aux PTT (à l’époque) le 7 mai 68, bonjour la vie active….
J’avais 34 ans à l’époque et l’étais marié et père de deux enfants en bas âge. J’avais juste acheté un appartement payable en 20 ans. je me demandais ce que voulaient ces jeunes cons. 50 ans plus tard je m’aperçois que les jeunes cons de l’époque sont devenus les vieux cons d’aujourd”hui