La démission de Nicolas Hulot, a donné lieu à d’étonnantes déclarations de responsables politiques et notre Région n’y échappe pas ! Ceux qui le critiquaient avant sa démission, comme Sébastien Jumel (PC) ou Nicolas Bay (FN) , saluent maintenant à l’unisson son “courage “, tandis que JM Beregovoy souligne lui, que »ce n’est pas une nouvelle réjouissante” !!
Sa décision, je la regrette mais je la respecte. Mais au-delà de la décision personnelle d’un Ministre, qui a sans doute eu du mal à vivre le compromis permanent qu’est l’action publique, je retiens deux aspects dans ses déclarations qui illustrent parfaitement les difficultés de notre vie politique : le pessimisme et l’individualisme.
Le pessimisme sur notre pays et les avancées de l’action publique d’abord. S’il n’a pas fait tout ce qu’il souhaitait, Nicolas Hulot peine à valoriser ses réussites. “Nous faisons des petits pas et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est ce que les petits pas suffisent…(sa) réponse est non “; et pourtant qui peut nier qu’il a à son actif , des avancées réelles !
L’université de Yale dans son récent classement biannuel de l’Indice de performance environnementale, basé sur 24 critères, classe notre pays en 2ème position derrière la Suisse pour son action en matière d’environnement. Est-ce suffisant pour ne pas continuer l’effort ? Bien sûr que non !
Le second aspect concerne l’individualisme. Tout le monde ou presque, admet la nécessité d’agir face au réchauffement climatique. Mais toute décision déchaine les oppositions, et il s’est senti bien seul dans ces moments la : il n’est que de voir les réactions face aux éoliennes, ou au mécontentement lié au développement des herbes en ville suite à l’arrêt de l’usage des pesticides, ou les colères que provoque la réintroduction des ours ou des loups ….
Comme le dit Ségolène Royal “les lobbys sont légitimes dans une société. La politique c’est d’identifier les intérêts privés mais d’en dégager l’intérêt général !”. Il ne faut pas faire des lobbys le bouc émissaire des difficultés, ils sont aussi (sous réserve de la légalité de leurs méthodes d’action bien sur) des informateurs , des alertes dans des domaines ou les élus ne peuvent tout savoir.
En fait on reconnaît en théorie, la pertinence de l’intérêt général mais, dans la pratique, les intérêts individuels prennent vite le pas : on veut plus d’aides ou de services publics mais on veut moins d’impôts, on veut plus de règles pourvu qu’elles ne s’appliquent qu’aux autres , qui ne voit la difficulté à concilier en chacun de nous le consommateur et le salarié…..
La lutte contre le réchauffement climatique est un combat dans la durée, qui suppose des transitions, qui suppose une action à tous les niveaux, international, national et local, qui suppose une mobilisation de chacun pour s’inscrire dans cette démarche d’intérêt général, au delà des petites querelles politiciennes!
La politique c’est un savoir-faire, il ne s’agit pas simplement d’avoir des convictions. La politique c’est facile lorsqu’il s’agit simplement de porter des mots, de rester dans les rêves ou les bons sentiments (et il en faut !), c’est plus difficile quand il faut porter des actions ; La politique c’est convaincre, c’est avancer avec détermination, c’est tenir bon face aux pressions tout en sachant faire les compromis sans perdre l’essentiel !
1 Commentaire
La prédation des ressources naturelles de la planète s’effectue à un rythme insoutenable alors que beaucoup de pays en voie de développement aspirent à connaître le niveau de vie occidental. Cette année, ces ressources ont été consommées en six mois, ce qui signifie que l’on s’attaque désormais au capital, ce qui économiquement n’est jamais vraiment bon. La suite, c’est soit la logique américaine de protéger militairement les sources d’approvisionnement (une bonne vieille guerre multi-adversaires), soit de changer de paradigme, et le plus tôt serait le mieux. Le réchauffement climatique n’est qu’un avatar d’un modèle économique qui va consciencieusement dans le mur à un rythme accéléré. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la démission de Nicolas Hulot : quand « la maison brûle », il n’est plus temps de palabrer !