La loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école de 2005 qu’« outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Dans l’exercice de leurs fonctions, les personnels mettent en œuvre ces valeurs ».
Dix ans (déjà) de débats médiatiques, politiques et sociaux depuis l’inscription de l’instruction morale et civique à l’emploi du temps des élèves à l’école élémentaire ; diverses controverses autour de la « morale laïque », de la mise en place de l’enseignement moral et civique (EMC) ou de celle du parcours citoyen ont ensuite eu lieu. Dans le même temps, les attentes envers l’institution scolaire ont changé d’ampleur, et peut-être de nature, dans un contexte politique intérieur et international de plus en plus clivant.
Les textes officiels sur l’éducation à la citoyenneté ont certes connu des mutations… mais en va-t-il de même de ses fondements, de ses objectifs, de ses pratiques au quotidien et de ses éventuels résultats ? Éduquer à la citoyenneté à l’école interroge les missions de l’institution scolaire, entre instruction et socialisation ; sa place au cœur ou à l’abri de la Cité ; l’articulation entre proclamation de valeurs et de principes démocratiques et républicains d’une part et leur visibilité dans l’expérience scolaire des élèves et des enseignants de l’autre.
Certains acteurs et actrices du système éducatif semblent s’emparer plus de la thématique de l’éducation à la citoyenneté que d’autres. Est-ce un « domaine réservé » des enseignants d’histoire-géographie, en lien avec des savoirs sur la citoyenneté, ou appartient-il à la vie scolaire, qui a comme objectif d’amener les élèves à être des acteurs à part entière de leur établissement scolaire ? Est-ce une compétence liée à la professionnalité de l’ensemble des enseignants ou l’expression d’un engagement professionnel liée à des convictions personnelles ? À quelles conditions l’hybridation de ses héritages et la mise en œuvre de dispositifs pédagogiques présentés comme plus ouverts, parfois empruntés à d’autres traditions didactiques, est-il fécond ?
Au final, quels citoyens et citoyennes la forme scolaire actuelle contribue-t-elle à former : un électeur instruit par l’émancipation permise par l’école de la nation dans la continuité de l’héritage révolutionnaire, un sujet politique critique qu’il s’agirait de former, ou un membre de la société pour lequel l’ouverture à l’altérité doit permettre de vivre en commun ? Les tensions sont nombreuses entre centration sur l’individu ou le collectif, entre l’éthique et le politique, entre le respect et la construction des règles de droit.
Ces enjeux sont traités dans le dossier de veille de l’Institut Français de l’Education, n° 125, Regards sur la citoyenneté à l’école , à partir d’approches scientifiques diverses, qui croisent des regards théoriques et empiriques sur un enjeu central mais controversé du système éducatif français.
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