Les surfaces boisées en France métropolitaine sont importantes et elles s’étendent. Un grand nombre de propriétaires les entretiennent correctement mais trop de boisements sont laissés à eux-mêmes. Notre consommation de bois fait appel à des importations alors que de nouveaux débouchés pour la construction se développent. Avec la forêt, nous avons un atout naturel : la France possède le 4eme patrimoine forestier d’Europe. C’est 36% du pays et 100000 ha de plus chaque année !Comment mieux l’exploiter ? On doit à Henri Prévot cette belle synthèse sur l’économie de la foret aujourd’hui
La préoccupation des pouvoirs publics sur le sujet est constante : les rapports succèdent aux rapports (la note en donne une bonne liste ) mais sans parvenir à trouver le levier qui change, enfin, les décisions. Comment inciter les propriétaires à mieux prendre soin de leurs arbres et, lorsque les arbres sont mûrs, à les mettre en vente sans trop attendre ? Comment faire pour que les utilisateurs de bois soient suffisamment assurés de leurs futurs approvisionnements pour se moderniser, innover, rechercher de nouveaux débouchés ? Pour y répondre cette note de Terra Nova propose un regard nouveau sur l’économie de la forêt.
Le choix qui s’offre au propriétaire à qui il est proposé d’acheter ses arbres mûrs et de qualité n’est pas de les produire ou non car ceux-ci sont déjà produits ; il est de les vendre de suite ou plus tard. Vendre ces bois, c’est réaliser une épargne, ce que fera le propriétaire s’il est conscient que celle-ci risque de perdre de sa valeur ou s’il a la possibilité de la remplacer par une épargne plus intéressante.
Cette note propose de créer une nouvelle forme d’épargne qui financera des travaux en forêt ou utiles à la forêt et qui permettra au propriétaire de conserver le régime fiscal de la forêt. De grandes étendues de boisements peu productifs portent du bois qui pourrait être utilisé pour produire de la pâte à papier ou de l’énergie. La décision de les transformer en forêt productive libérerait de suite ce bois et préparerait la production de bois à scier, qui stockera durablement le carbone puisé dans l’atmosphère pendant la croissance des arbres et qui remplacera d’autres matériaux dont la production émet du gaz carbonique.
Les propriétaires, sauf à réaliser ou à financer eux-mêmes les travaux, ne pourront s’y intéresser que lorsqu’il existera un « prêt forestier » spécialement adapté à la forêt : un prêt de très longue durée (trente ou quarante ans), indexé sur l’évolution du prix des bois, à remboursement et intérêts différés au moment de la coupe de bois et protégé des risques nombreux et non maîtrisables que court la forêt (risques climatiques, sanitaires et économiques et dégâts de gibier ) à condition que la sylviculture soit conforme aux règles d’une sylviculture durable. Vu la très grande efficacité d’un tel investissement pour susciter la vente de bois-énergie, créer de l’activité et diminuer les émissions de CO2, le refinancement de ces prêts ne devrait pas rencontrer de difficultés.
Alors il sera possible de réaliser un vaste programme de reboisements où la gestion de parcelles voisines pourra être regroupée sans que l’on touche au foncier et où les propriétaires, regroupés ou non, auront noué avec les utilisateurs de bois de nouvelles relations durables faites de contrats de travaux, d’avances sur travaux remboursables par la cession de bois.
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