La France comptait en 2016 quelque 8,8 millions de personnes pauvres, soit 14% de la population, selon l’Insee. Ce taux monte à 19,8% pour les moins de 18 ans. Sont considérés comme pauvres celles et ceux qui perçoivent moins de 1.026 euros par mois (pour une personne seule), c’est-à-dire moins de 60% du revenu médian de la population.
Le Président de la République vient de présenter une “stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté » qui s’appuiera sur huit milliards d’euros répartis sur quatre ans, jusqu’à la fin du quinquennat. Elle s’appuiera sur deux “piliers”, la prévention de la précarité, notamment chez les plus jeunes, « Quand on nait dans la pauvreté, c’est le déterminisme de tous les déterminismes » pour E.Macron,, et l’aide à la réinsertion vers l’emploi « Le cœur de la philosophie que je porte, c’est le retour à l’activité » et d’ajouter “le retour au travail est le meilleur outil de lutte contre la pauvreté”.
En comparaison, le plan de François Hollande était de 2,5 milliards d’euros en 2012, et sous Nicolas Sarkozy, le plan pauvreté était aussi d’environ 2 milliards d’euros. Les montants annoncés sont bien a priori des milliards nouveaux, même si les associations de lutte contre la pauvreté font remarquer, à juste titre, que des économies viennent d’être décidées sur des dispositifs qui aident les personnes en difficulté.
Ce qui frappe dans les réactions au plan pauvreté présenté hier, ce sont les différences radicales, mais prévisibles, entre les politiques et les associations : Les premiers tirent à boulets rouges et sans se donner la peine d’entrer dans les détails. Même si les associations s’interrogent justement sur certains aspects, elles soulignent pour la plupart, que la stratégie « comporte plusieurs mesures utiles » et « va dans le bon sens »
Pour le délégué général d’Emmaüs France, “la bonne nouvelle, c’est que le Président prend enfin conscience de la situation de la pauvreté en France”, qualifiant la mesure sur le revenu universel d’activités de “surprise du chef”.
La Croix-Rouge, considère que le plan pauvreté “démontre la volonté du Gouvernement de s’inscrire dans une nouvelle dynamique en renforçant la prévention et l’insertion par l’activité”.
Apprentis d’Auteuil, « partage l’ambition du gouvernement d’éradiquer la grande pauvreté en une génération, “ce plan traduit une prise de conscience républicaine”,
Henriette Steinberg, secrétaire nationale du Secours Populaire, se réjouit de ces mesures », soulignant que “les enfants sont les premiers touchés par la pauvreté”. “Le président semble avoir pris la mesure de la précarité alimentaire »
Pour Les Restos du Coeur, le plan pauvreté va “dans le bon sens” concernant les mesures d’accès à “l’alimentation des plus démunis et en particulier des enfants”,
Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, salue également ce qu’il considère comme des “efforts importants” dans le domaine de la petite enfance, ainsi que de l’accompagnement vers l’emploi ». Pour la fondation “Le discours était plus respectueux de la question de la pauvreté (que certaines déclarations précédentes du président de la République) et pointait la responsabilité collective dans la propagation de ce fléau ».
Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qualifie le plan pauvreté de “sursaut bienvenu”, mais qui reste néanmoins “une première étape”.
Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde, juge la mesure du revenu Universel d’Activité, “intéressante ». Pour elle, « C’est la première fois qu’un président de la République prononce cette phrase : ‘Nous voulons éradiquer la grande pauvreté » et « salue un certain nombre de mesures annoncées
L’Union des affaires sociales et familiales (Unaf) salue des “approches partagées”
Pour la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) – “Globalement, ce plan semble montrer un recentrage social du quinquennat »
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT : “La stratégie présentée apporte de premières réponses allant dans le bon sens. Sa mise en œuvre devra être à la hauteur avec des moyens adaptés. La CFDT poursuivra ce combat pour éradiquer la pauvreté !”
Martin Hirsch, Ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, « estime qu’”On peut franchir une étape décisive » contre la pauvreté
Bien sûr des négociations sur ce revenu universel peuvent révéler bien des difficultés, Et comme le souligne Martin Hirsch : « La rupture, ça sera de faire plier ceux qui essayeront de maintenir des systèmes cloisonnés ». Il faudra que les moyens financiers soient au rendez-vous. Il faudra que les territoires « départements ou communes », fortement concernés, soient au rendez vous…..mais la stratégie va dans la bonne direction !
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Investir sur les personnes et leurs compétences dès le plus jeune âge
1. Développer l’accueil de la petite enfance sur tout le territoire
2. Favoriser la mixité sociale dès les premiers pas
3. Un plan de formation et un nouveau référentiel pour 600 000 professionnels de la petite enfance en lien avec les formations des professeurs du 1er degré
4. Des parents accompagnés sur tout le territoire
5. Des réponses aux situations attentatoires aux droits de l’enfant
6. L’accès à une alimentation équilibrée pour tous
7. Une prévention accrue en santé
8. Des moyens éducatifs renforcés dans les territoires fragiles
Les accompagner vers l’autonomie et l’emploi
9. Une obligation de formation jusqu’à 18 ans
10. Un accompagnement vers l’emploi des jeunes
11. Aide sociale à l’enfance, fin des sorties sans solutions à l’atteinte de la majorité du jeune
12. Création d’une Garantie d’activité combinant accompagnement social renforcé et insertion dans l’emploi pour 300 000 allocataires par an
13. Pour les personnes exclues du marché du travail, des solutions adaptées afin de de redonner à chacun une perspective d’emploi par Essaimage d’expérimentations évaluées positivement pour les personnes les plus fragiles
14. Pour généraliser l’accompagnement vers l’emploi des allocataires, un État garant du service public de l’insertion
Garantir un cadre collectif de solidarité
15. Un accès aux droits renforcé et aux services sociaux renforcés en garantissant en particulier à chacun l’accès à une complémentaire santé
16. Vers un revenu unique d’activité
17. Un « choc de participation » pour porter les politiques sociales avec les personnes concernées
18. Une rénovation du travail social pour mieux accompagner les parcours de vie :
19. Un nouvel engagement des entreprises dans la lutte contre la pauvreté :
20. Un pacte social État/collectivités pour piloter la stratégie à partir des territoires :
21. Un fonds d’investissement social doté de 100 M€
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