Oct 05

Avec le changement climatique, on va vers une aggravation du risque inondation fluviale ou côtière !

Le réchauffement climatique a commencé vers la fin du 19ème siècle et l’on sait avec certitude qu’il se poursuivra dans les années qui viennent. Des impacts globaux déjà mesurés mais souvent encore peu perceptibles à l’échelle humaine

  • Augmentation de l’humidité atmosphérique : une atmosphère plus chaude devient plus humide. L’évapotranspiration et la concentration de la vapeur d’eau atmosphérique augmentent.
  • Augmentation du niveau de la mer liée à l’expansion thermique des océans et à la fonte des glaces continentales : + 20 cm en moyenne dans le monde depuis 1900, souvent difficile à percevoir et à distinguer des effets de l’érosion des côtes.014 : année la plus chaude depuis 1881.

L’augmentation récente des dommages des inondations dans le monde est-elle une conséquence du changement climatique ? L’impact du changement climatique sur le coût des inondations reste vraisemblablement encore marginal au niveau global. L’augmentation récente, dans le monde, du coût des inondations est essentiellement due à l’accroissement important au cours des dernières décennies des enjeux vulnérables (populations, biens, activités…) dans les zones inondables ainsi qu’aux modifications dans les usages des sols (imperméabilisation)

Quelles sont les conséquences pour les années à venir ?

– Augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes : Selon le GIEC, les événements de très fortes précipitations deviendront probablement plus intenses et plus fréquents sur la plupart des régions continentales, notamment aux hautes et moyennes latitudes. L’augmentation de la fréquence de précipitations extrêmes pourrait sensiblement aggraver le risque d’inondation par ruissellement dans de nombreuses zones urbaines.

– Augmentation supplémentaire du niveau moyen de la mer de 25 à 80cm : submersion permanente de certaines côtes basses, disparition de certaines îles de l’océan Pacifique…

Le risque d’inondation, sur les côtes basses et dans les estuaires, devrait augmenter au cours du XXIe siècle, en lien avec la montée du niveau de la mer. Le risque devrait aussi croître du fait de l’érosion du trait de côte et, de manière moins certaine, avec l’augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des événements qui pourrait être générée par le changement climatique.

Ainsi, de 2050 à la fin du siècle 400000 européens pourraient quitter leur logement. Le montant moyen des dommages annuels de 3 milliards pourrait être multiplié par 5 et dans le pire des scenarios atteindre 38 milliards à la fin du siècle. Les pays les plus impactés seraient pour 3,7 milliards en Allemagne, 3,9 milliards en France, 3,9 milliards en Grande Bretagne et 7 milliards au Pays bas

Pour la France, en 2100 le coût moyen annuel de 3,9 milliards € pourrait atteindre 5 milliards €. Avec une montée du niveau de la mer d’un mètre, il existe un risque de disparition définitive d’environ 140 000 logements et 10 000 établissements, représentant respectivement 80 000 personnes et 26 000 salariés.1/3 des îles de Polynésie française serait menacé de disparition d’ici la fin du siècle en raison de leur submersion permanente liée à la montée du niveau de la mer.

De nombreuses incertitudes pèsent sur l’ampleur de l’impact du changement climatique sur les cycles hydrologiques et les précipitations en Europe. Le coût moyen annuel des inondations fluviales, estimé actuellement à 7 milliards d’euros, pourrait atteindre d’ici 2100, plusieurs dizaines de milliards, voire, dans l’hypothèse les plus pessimistes, 100 milliards à la fin du siècle. 800 000 Européens pourraient être concernés chaque année. Le Royaume-Uni, la France, la Hongrie et l’Italie sont les États les plus menacés en cas d’aggravation du risque d’inondation fluviale. L’Estimation des dommages moyens annuels générés par les inondations fluviales dans l’Union européenne d’ici 2100, est de 20 milliards au Royaume uni, 11,5 milliards en France, 8,5 en Italie

Pour agir il convient de développer 2 stratégies complémentaires

– Atténuer le changement climatique : réduire les émissions de gaz à effet de serre pour contenir les effets du changement climatique dans des limites ne présentant pas de dangers graves ni irréversibles pour les activités humaines et qu’ainsi l’adaptation des territoires soit possible. C’est tout l’enjeu de la COP 21.

– Adapter les territoires : même en réduisant de manière significative l’émission de gaz à effet de serre, une augmentation supplémentaire de 1 °C de la température moyenne mondiale est inéluctable d’ici la fin du siècle. Un bâtiment construit aujourd’hui en subira les conséquences. Il est donc indispensable d’adapter les territoires aux impacts du changement climatique. Contrairement à d’autres politiques publiques (transport, énergie, ressource en eau…), la politique nationale de gestion des inondations intègre encore peu la question des impacts du changement climatique.

En ce qui concerne les inondations fluviales, la priorité sur la plupart des territoires sera de s’adapter dans un premier temps au risque actuel.

• Améliorer la connaissance des impacts du changement climatique sur le risque local d’inondation.

• Mettre en œuvre des stratégies flexibles pour pouvoir s’adapter au fur et à mesure que l’impact éventuel du changement climatique sur le risque local d’inondation sera mieux connu.

• Privilégier des stratégies “sans regrets” générant des bénéfices multiples (protection de l’environnement, gestion de la ressource en eau, aménagements multifonctionnels…) et ayant donc des impacts positifs même en l’absence d’augmentation du risque d’inondation.

• Privilégier les mesures organisationnelles (sensibilisation des populations, préparation à la gestion de crise, planification de la continuité d’activité…), peu coûteuses.

• Se préparer à devoir gérer des événements exceptionnels conformément à la Directive Inondation de 2007, ce qui permettra, dans une certaine mesure, de préparer les territoires à une éventuelle aggravation du risque d’inondation.

En ce qui concerne les inondations côtières, la Stratégie nationale de gestion Intégrée du trait de côte encourage la réflexion locale notamment sur l’organisation de la relocalisation dans les terres, des enjeux les plus exposés aux risques littoraux.

Cette politique de réorganisation spatiale des biens et des activités littorales nécessite néanmoins du temps pour convaincre les populations et inscrire les opérations dans des projets d’aménagement du territoire bénéfiques au développement local.  La relocalisation ne peut toutefois constituer une solution généralisable de manière systématique sur l’ensemble du littoral.

De la même manière, la protection à tout prix de l’ensemble des enjeux exposés aux inondations côtières n’apparaît pas comme une solution réaliste applicable sur tout le littoral, même si cette option a généralement les faveurs des populations et des élus locaux. Outre les nombreux impacts négatifs liés à l’artificialisation du trait de côte, le financement des opérations nécessaires à l’échelle nationale serait difficile à mobiliser dans un contexte de crise économique et de réduction des dépenses publiques.

Il y a donc urgence à ce que ces territoires se préparent et ni la complexité de la gestion des risques littoraux ni les incertitudes liées à l’ampleur des effets du changement climatique sur leur intensité ne peuvent servir d’excuse à l’inaction.

• Renforcer les dispositifs de gestion de crise (PCS, Orsec…) y compris pour faire face à des événements extrêmes et tout en développant au sein de la population une culture des risques littoraux notamment concernant les bons comportements à adopter.

• Ne pas aggraver la vulnérabilité des territoires en encadrant l’installation des enjeux dans les zones à risques actuelles et futures.

• Concernant les opérations lourdes de protection, donner priorité aux secteurs les plus densément peuplés et, sur les autres secteurs, privilégier les “techniques de gestion douces”, moins coûteuses que les ouvrages et souvent plus respectueuses de l’environnement (réhabilitation des dunes, rechargement raisonné de plages…).

• Réduire la vulnérabilité des enjeux existants et profiter des opportunités d’acquisition foncière, lorsqu’elles se présentent, pour mettre en œuvre des mesures de relocalisation des biens les plus exposés.

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