L’entrée des personnes âgées en maison de retraite est un moment difficile

La Ministre de la santé vient de lancer un vaste débat citoyen sur la dépendance qui vise à mieux accompagner les personnes âgées en perte d’autonomie.

Une enquête du Crédoc pour Terra Nova, AG2R La Mondiale et le groupe Caisse des Dépôts y contribue opportunément, en analysant   le moment où la perte d’autonomie et l’accroissement de la dépendance sont tels que l’on envisage l’entrée dans une structure d’accueil pour personnes âgées. C’est un moment délicat et souvent douloureux pour les personnes concernées comme pour leurs proches.

 Qui prend l’initiative d’en parler et quand ? Comment la décision est-elle prise et par qui ? Comment s’imagine-t-on la vie dans une telle structure quand on commence à l’envisager ? Prend-on le temps de s’y préparer ? Quel souvenir en garde-t-on quand on a connu quelqu’un qui y a vécu ? Que voudrait-on y changer pour améliorer la vie quotidienne de celles et ceux qui y résident?

Telles sont quelques-unes des questions auxquelles essaie de répondre cette enquête.

 29 % des 35 ans et plus ont un proche qui vit ou a vécu dans une structure d’accueil pour personnes âgées, et 9 % se déclarent « bientôt concernés » (pour un proche ou pour eux-mêmes).

36 % des 35 ans et plus sont ainsi concernés directement ou indirectement, soit près de 15 millions de Français si l’on extrapole à l’ensemble de la population de cet âge.

 Pour 8 personnes sur 10, l’entrée en structure d’accueil est associée une perte d’autonomie de choix. Pour 7 sur 10, elle contraint à « voir ses proches dans de moins bonnes conditions », et pour 6 sur 10, à « se mettre en retrait de la société ».

Pour le reste, c’est surtout aux proches que l’entrée en structure d’accueil est censée bénéficier : 8 sur 10 estiment que ce choix est de nature à les soulager. Ce soulagement s’explique en grande partie par les raisons qui motivent l’entrée en structure d’accueil. Parmi les 36 % des sondés les plus concernés, 8 sur 10 citent « l’état de santé et l’âge » de la personne parmi les deux motivations principales ; 5 à 6 sur 10, le fait qu’il n’y avait « plus de solution de maintien à domicile » ; et 3 sur 10, le fait que « les proches ne pouvaient plus aider ».

34 % des plus de 35 ans déclarent en outre qu’il leur arrive de penser à l’entrée d’un proche dans une structure d’accueil et que cela les préoccupe. Chez les « concernés », le niveau de préoccupation est nettement plus soutenu (57 %).

Mais c’est parmi les « bientôt » concernés (pour un proche ou pour eux-mêmes) que les inquiétudes sont les plus vives (84 %). Cette anxiété explique la difficulté à en parler : alors que la perspective de l’entrée en structure d’accueil est reconnue comme prochaine, 42 % déclarent que la question n’a pas encore été abordée dans leur entourage.

Il faut dire que l’initiative revient pour l’essentiel aux proches descendants qui sont souvent assez seuls face au problème : parmi les « bientôt » concernés, cette initiative revient dans 45 % des cas aux enfants et petits-enfants, et dans seulement 28 % des cas à l’intéressé.

 La décision d’entrer en structure d’accueil est par ailleurs rarement attribuée directement aux personnes qui vont entrer ou qui résident en structure d’accueil : cette situation prévaut dans 2 cas sur 10 selon les sondés « concernés ». Les parts respectives de la concertation et de la contrainte varient selon les groupes interrogés.

Les personnes qui connaissent quelqu’un qui vit ou a vécu dans une structure d’accueil considèrent que, dans 43 % des cas, l’intéressé(e) a « accepté d’entrer en structure d’accueil après discussions », et que, dans 17 % des cas, il/elle y « est entré(e) sans son accord ». En revanche, ceux qui seront « bientôt » concernés considèrent que, dans 39 % des cas, l’intéressé(e) « ne souhaite pas entrer en structure d’accueil » (contrainte), et que, dans 25 % des cas, il/elle « va accepter […] après discussions » (concertation).

 Parmi les critères de choix d’une structure d’accueil, c’est la proximité géographique qui l’emporte, suivie par la présence de services médicaux dans l’établissement et la disponibilité des places. Le coût apparaît plus marginal. Mais ce critère est probablement sous-évalué : si autant de personnes issues des classes populaires déclarent ne pas penser au problème ou ne pas se sentir concernés, c’est aussi sans doute parce qu’elles considèrent que cette solution est au-dessus de leurs moyens.

  Il a été demandé par ailleurs aux enquêtés de choisir, parmi une liste, deux propositions susceptibles, à leurs yeux, d’améliorer la vie des résidents dans les structures d’accueil. 30,4 % d’entre eux répondent, en premier ou second choix, « accueillir les animaux de compagnie ». Suivent, dans l’ordre, « pouvoir partager une chambre avec son conjoint », « augmenter la possibilité de participer à des activités extérieures », « proposer un environnement plus personnalisé ».

Retrouvez des commentaires de cette étude dans la presse :

France Info :       Challenges     Libération  Le Dauphiné Libéré

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