Avr 25

A l’issue des élections législatives du 28 avril, l’Espagne sera-t-elle gouvernable ?

La tenue d’élections parlementaires, quinze mois avant la date prévue, fait suite au rejet du budget par le Congrès des députés, chambre basse du Parlement (Cortes generales)

Ces élections parlementaires se déroulent dans un contexte très tendu, rappelle la Fondation Schuman avec l’ouverture du procès de douze dirigeants indépendantistes catalans accusés de sédition, rébellion et détournements de fonds pour avoir organisé un référendum sur l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre 2017 et avoir déclaré de façon unilatérale l’indépendance de la Catalogne, une mesure anticonstitutionnelle.

La reprise du dialogue entre les institutions espagnoles et catalanes et l’augmentation importante des investissements publics en Catalogne prévue dans le projet de budget n’auront pas suffi à convaincre les partis catalans qui ont exigé, en échange de leurs voix en faveur de la Loi de finances, l’organisation d’un référendum d’autodétermination en Catalogne (chose totalement interdite par la Constitution espagnole) et la clémence du Parquet dans le procès des douze dirigeants indépendantistes.

Le gouvernement socialiste qui vient de chuter, n’a fait aucune concession aux séparatistes comme le craignait la droite et a même réussi à ouvrir un dialogue avec les séparatistes, ce que ces derniers estimaient impensable.

Le bipartisme, qui structurait le pays depuis son retour à la démocratie en 1975, semble désormais relever de l’histoire. Madrid est désormais entré dans la stratégie des alliances pour la formation de son gouvernement.

L’apparition de nouveaux partis a considérablement fragmenté la scène politique. Le scrutin du 28 avril prochain pourrait bien de nouveau accoucher d’un Parlement divisé rendant le royaume ibérique ingouvernable.

Le Parti socialiste ouvrier (PSOE) devrait arriver en tête des élections suivi d’assez près du Parti populaire recueillerait 21% des voix ; Ciudadanos (C’s), parti centriste d’Alberto Rivera, et Podemos, devraient suivre avec des scores proches ; reste le résultat de Vox, nouveau parti populiste de droite dirigé par Santiago Abascal.

Durant son court mandat, le gouvernement de Pedro Sanchez a pris trois mesures phares : la revalorisation des retraites, la hausse du salaire minimum de 22% (celui-ci est ainsi passé de 740 à 900 €) et l’augmentation des salaires des fonctionnaires. Le gouvernement de Pedro Sanchez, le plus féminin de toute l’histoire espagnole (11 femmes et 6 hommes), a également voté de nombreuses mesures contre les violences faites aux femmes.

Parmi les 110 mesures du programme socialiste figurent la fin de l’inégalité salariale hommes/femmes, la lutte contre l’homophobie, la réglementation de l’euthanasie et la création d’un revenu minimum pour les foyers sans revenus afin de lutter contre la pauvreté infantile.

Le pari du Premier ministre sortant d’organiser des élections parlementaires anticipées est judicieux dans le sens où il lui permet de minimiser le vote sanction contre son gouvernement qui ne pourrait faire que s’accroître avec le temps. Les socialistes ont choisi de faire porter le débat de la campagne sur les questions sociales.

« Il y a de nombreuses raisons de croire que le Parti socialiste ouvrier va gagner. La question est de savoir s’il pourra former une majorité ou plutôt si une majorité pourra être formée contre lui. L’issue de la dispute pour le vote modéré définira le centre de gravité de la nouvelle majorité. Environ 300 000 électeurs font la différence entre une victoire à la Pyrrhus des socialistes et la formation d’un gouvernement socialiste » a indiqué Juan Rodriguez Teruel, professeur de science politique à l’université de Valence, dans la note de la Fondation Schuman.

Le PP lui, se présente comme le seul capable de garantir l’unité du pays tout comme le seul à même d’empêcher la victoire d’une coalition qui unirait le PSOE et Podemos. Comme le Parti populaire, Ciudadanos veut faire de la défense de l’unité de l’Espagne l’élément central de sa campagne électorale.

Il ne s’agit pas pour Vox de construire un programme mais d’agglutiner un vote protestataire lassé du Parti populaire

Le Parlement espagnol (Cortes generales) est bicaméral. Il comprend le Sénat, chambre haute, et le Congrès des députés, chambre basse. Ce dernier compte 348 députés, élus au moins tous les quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal au sein de 48 des 50 circonscriptions provinciales espagnoles dont chacune désigne au moins 2 députés et le reste des sièges est réparti entre les provinces en fonction de leur population :  Madrid (37 sièges), Barcelone (32), Valence (15), Séville et Alicante (12), Malaga (11) et Murcie (10).

9 partis politiques sont représentés dans l’actuel Congrès des députés :
– Le Parti populaire (PP), créé en 1977 et conduit par Pablo Casado depuis le 21 juillet 2018, possède 137 sièges ;
– Le Parti socialiste ouvrier (PSOE), fondé en 1879 et dirigé par le Premier ministre sortant Pedro Sanchez, compte 85 députés ;
– Unidos Podemos, alliance de douze partis dont Podemos de Pablo Iglesias, la Gauche unie (IU) et Equo, mise en place pour les élections du 26 juin 2016, possède 71 sièges ;
– Ciudadanos (C’s), parti centriste créé en 2006 et conduit par Alberto Rivera, compte 32 députés ;
– la Gauche républicaine de Catalogne-Catalogne oui (ERC–CatSí), alliance de deux partis indépendantistes catalans, possède 9 sièges ;
– Convergence et union de Catalogne (CiU), parti indépendantiste né en 1978 et emmené par Artur Mas, devenu le 8 juillet 2016, le Parti démocrate européen catalan (PDeCAT), emmené par David Bonvehí, possède 8 sièges ;
– Le Parti nationaliste basque (EAJ/PNV), fondé en 1984 et dirigé par Andoni Ortuzar, possède 5 sièges ;
– Euskal Herria Bildu (Réunir le Pays basque), alliance de quatre partis basques dont la porte-parole est Maddalen Iriarte, compte 2 députés ;
– La Coalition canarienne-Parti nationaliste canarien (CC-PNC), possède 1 siège.
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