Avr 24

L’ENA, c’est moins sa suppression qui compte, que l’usage que l’on fait après l’école, des énarques !

L’ENA apparaît comme un symbole de la technocratie, un vecteur de la pensée unique. Et pourtant la colère contre les élites dans l’air du temps, déborde largement les énarques. La dénonciation des élites concerne les élus, les intellectuels, les journalistes, etc. Alors faut il supprimer l’ENA ?

Pour améliorer la diversité  des recrutements à l’ENA, la première réforme à faire est d’abord comme essaie de le faire le Ministre de l’éducation nationale de remettre l’école à flots, dans sa globalité.

Il faut toujours se garder d’offrir à l’opinion un bouc émissaire. Edith Cresson, Premier ministre s’était limitée à transférer l’ENA de Paris à Strasbourg. Et pourtant elle avait la réputation de détester les «énarques»!

Beaucoup de choses  doivent sans doute être changées dans la formation à l’ENA , son recrutement . Mais l’accès égalitaire – sans piston ! – aux emplois de la haute fonction publique serait il améliorer avec la suppression de l’ENA?  ; La suppression des concours n’est pas la solution la plus républicaine, car   le danger est  de favoriser encore plus à l’avenir le népotisme et le copinage

Réformer l’ENA, oui, la supprimer peut être, si on sait par quoi la remplacer pour recruter les hauts fonctionnaires dont on a besoin, mais finalement ce n’est pas l’ENA qui pose problème mais l’usage qu’on fait des énarques après l’école, qui doit être revu.

D’abord les seuls responsables des politiques publiques, ce sont les élus ; j’ai toujours du mal à voir mis en cause conseillers ou administratifs parce que les élus n’ont finalement pas tenu leur place

Il est sans doute absurde de faire de la réussite au concours le sésame professionnel jusqu’à la fin de la carrière, sur la seule foi du classement à la sortie de l’école, sans prise en compte de l’évolution des qualités professionnelles et de l’apprentissage du terrain. On peut vouloir être un diplomate au Moyen-Orient et se retrouver, par les hasards d’un classement, juge au tribunal administratif.

Il faut des dirigeants qui connaissent le terrain et qui restent, pas des énarques qui passent d’un poste de direction à l’autre sans avoir jamais fait de terrain et qui changent de poste tous les deux ou trois ans.

Il faut ouvrir les portes de la haute fonction publique – et des grands corps – à d’autres profils plus divers ayant fait leurs preuves dans le public ou le privé, ou ayant un autre parcours de formation : on veut de l’innovation mais le doctorat n’est pas valorisé alors qu’il est une forme d’apprentissage tout aussi utile que la note de synthèse.

Il faut mixer les recrutements des cabinets ministériels pour permettre une plus grande diversité des approches politiques.

La consanguinité entre une  partie de la haute fonction publique issue de l’ENA et la classe politique, est un autre aspect préoccupant. Quand on est dans la haute fonction  publique et qu’on s’engage en politique, ne devrait on pas la quitter?

Il faut permettre la fluidité  entre le public et le privé, mais pas les allers retours incessants qui déresponsabilisent et sont sources de conflits d’intérêt.

On le voit : Remettre en cause la seule ENA apparaît  démagogique alors que c’est l’usage que l’on fait des énarques qui pose le plus souvent problème. Et puis d’une façon générale , on ne peut pas continuer , avec des universités dévalorisées et des grandes écoles entièrement dédiées à la reproduction des élites : on est loin du seul problème de l’ENA!

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