Fév 18

La Commission a relancé le débat peu consensuel  sur le salaire minimum européen

Pour corriger les importants écarts de salaires dans l’Union, la Commission européenne a lancé à la mi-janvier une consultation auprès des partenaires sociaux. Mais certains Etats membres se montrent réticents à l’idée d’instaurer un salaire minimum au niveau européen.

Souvent évoquée, toujours reportée, l’instauration d’un salaire minimum à l’échelle européenne revient sur le devant de la scène. Elle avait évoquée lors des dernières élections européennes.

Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? La Commission européenne a remis le sujet sur la table en adoptant un texte de principe dans le cadre de son programme pour l’Europe sociale.

 Il ne s’agit pas d’imaginer un salaire minimum commun aux Vingt-Sept, Ce serait irréaliste économiquement et politiquement Il s’agit avant tout de redéfinir le calcul du salaire minimum dans chaque pays de l’Union européenne, pour qu’il garantisse un salaire digne à tous les travailleurs. Mais il s’agit aussi aussi de limiter le dumping social au sein de l’Union qui consiste à s’appuyer sur le faible coût de la main d’œuvre pour disposer d’un avantage concurrentiel (prix plus bas), quitte à inciter les pays partenaires à abaisser à leur tour leurs salaires pour rester compétitifs.

Plusieurs pistes sont évoquées pour le moment. Certains parlent d’un plancher qui pourrait représenter 50 % ou 60 % du salaire médian du pays, Tandis que d’autres évoquent un niveau de revenus qui, au sein d’un même Etat, pourrait varier d’un endroit à l’autre, en fonction du coût de la vie.

Pour l’heure, les écarts sont parfois très importants en Europe. Six pays de l’Union n’ont pas du tout de salaire minimum instauré au niveau national – l’Autriche, Chypre, le Danemark, la Finlande, l’Italie et la Suède – car tout passe par des négociations collectives

 En Bulgarie, le salaire minimum est de 286 euros brut mensuel. Au Luxembourg, il est sept fois plus élevé et culmine à 2071 euros par mois, Mais si l’on tient compte du salaire médian, c’est en France qu’il est le plus élevé, à 60 % du salaire médian.

Certes, ces écarts bruts sont à relativiser à l’aune des coûts de la vie par Etat, mais les études d’Eurostat montrent que les SMIC d’Europe centrale et de l’Est y assurent un pouvoir d’achat moindre que ceux du Nord et de l’Ouest.

En Europe, il y a un écart de productivité globale des pays de 1 à 3, et l’écart, pour les salaires minimums, se situe de 1 à 5 voire 6 : c’est ce fossé-là que la commission voudrait corriger.

 La présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a repris l’idée [d’un salaire minimum européen] dès sa désignation cet été, mais les résistances seront fortes”.

L’idée fait tiquer les pays nordiques, qui craignent un alignement des revenus vers le bas et les pays d’Europe de l’Est redoutent que Bruxelles ne leur demande d’augmenter leur salaire minimum dans des proportions qui leur ferait perdre de la compétitivité.

L’idée générale serait plutôt de se concentrer sur certains Etats européens qui ont déjà un salaire minimum, mais qui est trop bas

Le chantier vient tout juste d’être lancé et commence par une consultation avec les partenaires sociaux. Ces derniers, “Business Europe pour le patronat) et la Confédération européenne des syndicats pour les travailleurs ont à peu près six semaines pour émettre leurs commentaires, leurs propositions, leurs idées. Dire s’ils souhaitent une action au niveau européen et s’ils souhaitent négocier entre eux le cadre de cette rétribution minimale. Si l’action européenne est choisie, alors la Commission résumera les propositions reçues avant de lancer une seconde consultation qui devrait se terminer en avril. Le texte de loi européen n’est pas attendu avant la rentrée de septembre.

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