La Fondation Abbé-Pierre lance une nouvelle alerte sur les problèmes du logement

etat-mal-logement_0Dans son 21e rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, rendu public  récemment, la fondation chiffre à plus de 15 millions le nombre de personnes touchées par la crise du logement.

Hausse du nombre de personnes sans domicile, renonçant à se chauffer, ou contraintes de vivre chez des tiers : de nombreux indicateurs sont au rouge, indique ce rapport, issu de l’exploitation de la dernière édition de l’enquête nationale logement (ENL) 2013 de l’Insee, dont les principaux chiffres avaient été  publiés en décembre.

Au total, 3,8 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions de personnes « fragilisées », soit « 15 millions de personnes touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement », souligne  le  délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

Autre chiffre marquant : le nombre de personnes sans abri, qui a bondi de 50 % entre 2001 et 2012. 141 500 personnes se retrouvent aujourd’hui à la rue, à l’hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d’hébergement.

En outre, près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles, dont 2,1 millions ne possèdent pas d’eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou vivent dans un immeuble à la façade très dégradée.

Et 934 000 personnes vivent en « surpeuplement accentué », c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+17 % entre 2006 et 2013).

Pour la fondation  « il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires ». Le taux d’effort net moyen (loyer + charges – allocations logement) des ménages les plus pauvres atteint ainsi 55,9 %, plus de trois fois supérieur à la moyenne (17,5 %).   Il s’agit des personnes qui consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement. Leur nombre a augmenté de 42 % de 2006 à aujourd’hui, et il représente aujourd’hui 5,3 millions de ménages. En cause, le double effet de la hausse des loyers et de la stagnation, voire de la baisse, des revenus. Selon l’Insee, les dépenses de logement ont augmenté de 3,1 % par an entre 2002 et 2013, et même de 5,5 % en HLM… très au-dessus des 1,15 % d’augmentation annuelle des revenus constatée par l’Insee.

Côté politique,  la Fondation Abbé-Pierre se félicite de « certaines avancées » comme le chèque énergie qui doit remplacer en 2018 les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz pour les ménages modestes, mais elle constate à l’inverse que certains engagements politiques « ont été tout simplement reniés ». Ainsi de la garantie universelle des loyers, une des mesures phares de la loi Alur votée en 2014 puis abandonnée car jugée trop coûteuse. Quant à certains objectifs annoncés comme la construction de 500 000 logements par an, dont 150 000 logements sociaux, ils « sont bien loin d’être atteints », souligne le rapport.

La Fondation Abbé-Pierre appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics à agir, en particulier en construisant des logements, et surtout des logements sociaux accessibles aux ménages les plus modestes. Elle demande aussi que les pouvoirs publics logent les ménages reconnus prioritaires Dalo (Droit au logement opposable), mènent une politique de prévention des expulsions locatives et des évacuations de terrain et régulent les marchés de l’immobilier.

La France dispose de politiques publiques plus ambitieuses que la majorité des pays Européens, mais ne se situe que dans le milieu de tableau en terme de situation du mal logement, selon le premier regard sur le mal logement en Europe. Les points sur lesquels elle est en retard, selon la Fondation, sont les sans-abri, le coût du logement pour les ménages pauvres, les expulsions, la précarité énergétique, le sentiment d’isolement en milieu rural, l’inégalité hommes-femmes et l’inégalité faite aux jeunes face au coût du logement. Les Français sont plus inquiets que les autres d’avoir à quitter leur logement en raison de son prix.

Télécharger le 21e rapport sur l’état du mal-logement en France.

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