Les polémiques sur le Burkini et la succession des attentats islamistes, mettent au cœur de l’actualité la question de la laïcité. Elle sera au cœur des débats dans la campagne des Présidentielles. La gauche a toujours été de ce combat
En 2012, François Hollande, au travers de son « engagement 46 , Je veux défendre et promouvoir la laïcité » écrivait : « Je proposerai d’inscrire les principes fondamentaux de la loi de 1905 sur la laïcité dans la Constitution en insérant, à l’article 1er, un deuxième alinéa ainsi rédigé : « La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et respecte la séparation des Églises et de l’État, conformément au titre premier de la loi de 1905, sous réserve des règles particulières applicables en Alsace et Moselle. »
Pourquoi ne pas faire voter cette modification que tout le monde semble vouloir ?
La Constitution, c’est l’ensemble des textes qui définissent les droits et les libertés des citoyens ainsi que l’organisation du pouvoir. S’il n’y avait pas de Constitution, les décisions et les lois, nous concernant, pourraient être prises de façon arbitraire, sans tenir compte de grands principes tels que la liberté, l’égalité ou la fraternité entre les hommes. Inscrire la laïcité dans la constitution aurait du sens !
Une loi peut être modifiée ou annulée par un vote des députés et des sénateurs alors qu’il est beaucoup plus compliqué de modifier un des principes inscrits dans la Constitution.
La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et la liberté de culte, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.
La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs convictions. Elle assure aussi bien le droit de changer de religion que le droit d’adhérer à une religion.
Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint par le droit au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
La laïcité suppose la séparation de l’Etat et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne se mêle pas du fonctionnement des organisations religieuses.
De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités et des services publics, non de ses usagers.La République laïque assure ainsi l’égalité des citoyens face au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
Ce principe de laïcité existe aussi au Portugal, en Turquie, en Belgique, aux Pays-Bas, au Mexique, au Canada, en Inde, au Japon ou au Bénin.
Le principe de laïcité, c’est donc ce qui nous permet de vivre ensemble. De partager ou pas des modes de vie, de croire ou de ne pas croire en certaines idées, sans que cela nous soit imposé ou que nous l’imposions aux autres.
3 Commentaires
je suis d’accord avec l’idée de constitutionnaliser le principe de laïcité. C’est cependant plus compliqué que cela a l’air. Il y a ,dans l’article 1er de la loi de 1905,une référence à l’ordre public ,qui est toujours utilisé dans tous les sens ,et la jurisprudence du Conseil d’Etat est très abondante en la matière et a su s’adapter en fonction des circonstances de chaque époque . Je crois qu’il serait préférable de s’en tenir au texte de 1905 sans aucune modification afin d’éviter que les esprits s’échauffent inutilement.Amicalement.Nicolas Plantrou
Comment imposer la laïcité dans l’espace publique sans effectivement toucher aux libertés fondamentales ? Faut-il interdire le port de vêtements religieux pour les croyants de toutes les religions ? Car les intégristes religieux sont nombreux et présents dans toutes les religions [et au sein même des partis politiques].
C’est vrai que la menace d’attentats terroristes s’inscrit dans notre quotidien et nous fait craindre le pire à tous moments. Mais nous tombons dans un fleuve où se déversent les haines , le racisme et la xénophobie . Les commentaires des articles parus sur le Net sur le problème” burkini “ne sont que des incitations à la haine et au retour à des pogroms.
Il faut revenir à un débat plus serein sur un fait de société. Et je me réjouis de la réponse du conseil constitutionnel.Il ne ferme pas le débat mais l’ouvre. Une réflexion commune s’impose dans le respect des principes et des valeurs de la République française. Notre démocratie y gagnera en dignité.
Auteur
oh combien , je partage ! ce qui n’exclut pas d’être fermes sur l’application de nos lois!