L’Enseignement de l’arabe à l’école est légitime comme celui de bien d’autres langues

Une polémique, comme on en connait trop, est née après la publication d’un rapport proposant de “relancer l’apprentissage de la langue arabe” pour lutter contre l’islamisme. Pour l’auteur du rapport, en vingt ans, “le nombre d’élèves qui apprennent l’arabe au collège et au lycée a été divisé par deux” alors qu’il “a été multiplié par dix dans les mosquées'”.

“Idéologie de soumission” pour Louis Aliot, “fausse bonne idée” pour Luc Ferry, “arabisation de la France” pour Nicolas Dupont-Aignan : la proposition émise par le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer de relancer l’apprentissage de la langue arabe à l’école, au même titre que le Russe ou le chinois a suscité la fureur de la droite conservatrice et de l’extrême droite. Parle-t-on d’hispanisation de la France avec l’enseignement de l’Espagnol ?

Nous sommes face à un “cas typique d’emballement médiatique », souligne Jean-Michel Blanquer, dont l’action est pourtant contre le fondamentalisme islamiste est pourtant sans ambiguïté ! C’est ce genre d’irrationalité, de déformation du débat politique, qui lui fait tellement de mal. Il ne s’agit ni de rendre obligatoire l’enseignement de l’Arabe ni de ne pas le contrôler, comme on le fait pour tous les enseignements ; Il ne s’agit pas de remplacer l’enseignement de la langue française par l’enseignement de l’Arabe.  C’est notre intérêt de différencier la langue arabe d’un certain fondamentalisme religieux.

Faut-il rappelé que l’Arabe est la langue officielle dans 26 Etats représentant 430 millions d’habitants ; Plus de 3 millions de personnes la pratique quotidiennement en France.

Selon des chiffres de l’Education nationale publiés par “le Monde”, le nombre d’élèves apprenant l’arabe en LV2 ou LV3 a doublé en dix ans mais reste très marginal : ils étaient 6.512 à la rentrée 2007, contre 11.174 en 2017 (13.975 en incluant Mayotte). Il serait utile d’en comprendre d’ailleurs plus finement les motivations. Parmi eux, à la rentrée 2017 :

  • 567 élèves étudiaient l’arabe en école primaire (soit 0,008% des élèves), dans le cadre des cours de langues vivantes à l’école, obligatoires depuis peu du CP au CM2 ;
  • 4.573 élèves étudiaient l’arabe au collège (soit 0,14% des collégiens) ;
  • 6.601 élèves l’étudiaient au lycée (soit 0,29% des lycéens).

L’agrégation d’Arabe a été créé en 1905 !!!

Par ailleurs en 2016, 48.129 élèves suivaient les EILE (Enseignements internationaux de langues étrangères, 1h30 facultative à partir du CE1) dispensés en partenariat avec des pays arabophones (l’Algérie, le Maroc et la Tunisie), enseignements qui doivent sans doute être plus contrôlés. Il y a aussi 1.300 écoles hors contrat en France officiellement enregistrées, dont environ 200 catholiques, une soixantaine musulmane et une cinquantaine juives : là aussi il faut sans doute plus de contrôle sur ces écoles !

Tous les pédagogues savent, qu’apprise le plus tôt possible et dans de bonnes conditions, une autre langue développe les capacités intellectuelles et l’ouverture d’esprit des enfants. Apprendre une langue étrangère ne désapprend pas le français.

La lutte contre l’islamisme peut aussi paradoxalement passer par la valorisation et l’apprentissage de l’arabe dans un cadre non religieux. Refuser de voir cette réalité c’est, au pire un racisme latent, au mieux une lacheté de certains responsables politiques.

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1 Commentaire

    • isabelle sur septembre 20, 2018 à 6:45 pm
    • Répondre

    Empêche t-on l’apprentissage du Français dans les pays où la religion est l’islam ? Non au contraire l’étude de notre langue et de notre culture a longtemps été valorisée et de jeunes Français partent enseigner notre langue et nos valeurs à travers le monde.
    La langue arabe classique et la culture arabe doivent être enseignées au même titre que les langues européennes. C’est aussi une façon d’intégrer des populations qui ont de plus en plus accès à la nationalité française et qui méconnaissent leur propre langue
    ( beaucoup en effet ne l’écrivent pas et la lisent à peine).
    Mais il faut bien sûr que cet enseignement se fasse dans le cadre de l’enseignement public pour éviter évidemment tout prosélytisme religieux et par des enseignants recrutés par l’état.
    Ce n’est pas un danger pour notre propre culture que d’enseigner une langue étrangère qui est comme tu l’indiques est déjà parlée par quelques millions de Français. La France est une communauté multiculturelle que l’on l’accepte ou pas.
    L’important c’est que chacun quelque soit son origine se reconnaisse dans nos valeurs et dans les droits universels de l’Homme.

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