Crise des urgences à l’hopital : il faut des mesures de court terme mais aussi de long terme

 La défaillance de l’offre de soins induit un transfert forcé vers les urgences de patients qui n’ont rien à y faire. Le refus de prendre en compte ce constat depuis 20 ans conduit aujourd’hui à une impasse. Les services d’accueil d’urgence (SAU) connaissent une crise profonde depuis plusieurs années à laquelle aucune solution n’a été trouvée. Les missions parlementaires, audits et rapports se succèdent, parvenant toujours aux mêmes conclusions : le système est à bout de souffle.

 La ministre de la santé a raison « Les structures des urgences sont depuis plusieurs années soumises à des tensions récurrentes. Plusieurs phénomènes en sont à l’origine : difficultés de recrutement liées à la démographie médicale, croissance continue de l’activité, difficultés d’hospitalisation des patients en aval des urgences »…..mais on ne va pas crée des médecins d’un seul coup : il faut donc des moyens à court terme mais aussi transformer notre organisation des urgences

Pour France Assos Santé, qui regroupe plus de 80 associations nationales de patients et d’usagers du système de santé, la situation des urgences n’est plus acceptable ;  “C’est le parcours de soins dans sa globalité qui est à revoir: 12% des patients n’ont pas de médecin traitant et les délais [pour un spécialiste] peuvent être si longs que les urgences sont parfois la seule solution”

 France Assos Santé rejoint la cour des comptes ; « Désengorger les urgences nécessite de développer les alternatives aux urgences hospitalières en ville »,

Il y a 639 services d’urgence en France .Le nombre de passages aux urgences est passé de 7 millions en 1990, à 14 millions en 2002, 18 millions en 2011  , pour atteindre  plus de 20 millions en 2016. Selon l’association SAMU-Urgences de France, « plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences » depuis le début de l’année « faute de lit pour les hospitaliser dans un service ».

 Notre organisation est défaillante pour Les personnes âgées que l’on est donc parfois obligé de garder aux urgences, car l’hôpital ne peut apporter d’autres réponses adaptées,Les patients en situations précaires (isolées, SDF, alcooliques…) qui impacte fortement le temps de mobilisation du personnel soignant.

Sans oublier l’impact saisonnier sur la fréquentation des urgences. On constate au moment des fêtes de fin d’année un surcroît d’activité de l’ordre de 20%. En été, l’activité se réduit. Le reste de l’année, les services pédiatriques sont plus encombrés les samedis et surtout les dimanches en raison du manque de permanence de soins de ville.

La solution préconisée par les autorités pour réguler les urgences est l’installation de maisons médicales de garde qui devraient accueillir les patients dont l’état de santé justifie une prise en charge ambulatoire. Malheureusement l’ARS de Normandie vient de réduire leurs heures d’(ouverture comme je l’évoquais ici il y a quelques temps .

La qualité de la médecine hospitalière française est unanimement reconnue à travers le monde. Nos hôpitaux ont été conçus il y a plusieurs dizaines d’années, pour permettre le développement de spécialités médicales répondant à un besoin de santé centré sur des pathologies aiguës et/ou graves. Les progrès dans le traitement des cancers, de l’infarctus, de la mortalité infantile et maternelle ont été extraordinaires, au point que la durée de vie ne cesse d’augmenter… et les pathologies chroniques aussi.

Les patients qui requièrent une hospitalisation sont maintenant plus âgés et cumulent plusieurs facteurs de risques. Qui doit prendre en charge le patient âgé présentant une “simple” infection urinaire ?

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Chacun a son explication : Trop de gens viennent aux urgences alors qu’ils n’ont rien à y faire ?   La faute des médecins libéraux trop peu nombreux à accepter les gardes ?  Manque de lits, Mais de nombreux hôpitaux ont déjà rajouté des lits dans le cadre de leur plan “hôpital en tension”, sans pour autant résoudre le problème ? l’accroissement de l’agressivité et de la violence ne facilite pas  le diagnostic

 Il faut sans doute plus de pédagogie   pour expliquer comment bien utiliser le système de soins, et une réflexion sur une meilleure coordination en ambulatoire afin d’accueillir plus de patients  Nous sommes face à un vrai un “problème de société” donc politique ; il nous faut repréciser les raisons d’aller aux urgences, développer des alternatives avec une meilleure synergie avec la médecine de ville , former plus de médecins (on en forme moins qu’il y a 40 ans alors que tout concours à accroitre : les besoins , les conditions de travail des medecins, le vieillissement … La France comptait 102 600 médecins généralistes en 2018, soit 1 300 de moins qu’il y a  dix ans)….

 Si les patients vont aux urgences trop facilement pour des maux qui ne le méritent pas, c’est aussi parce qu’ils ne trouvent pas dans la chaîne de services médicaux le bon interlocuteur, notamment les week-ends ou tard le soir. Il faut reconstituer une chaîne d’accès à des services ou à des conseils médicaux pour éviter que pour un oui ou pour un non, on se rende aux urgences.

France Assos Santé a raison :« Le manque chronique d’effectifs et de moyens est évidemment en cause, mais pas seulement : la défaillance de l’offre de soins de ville induit un transfert forcé vers les urgences de patients qui n’ont rien à y faire. Les récentes études montrent que 20% des patients pris en charge aux SAU relèvent en réalité de la médecine de ville. Or l’insuffisance de l’offre ou son inaccessibilité (éloignement, délais d’obtention d’un rendez-vous, précarité socio-économique…) fait des urgences le seul recours possible pour des millions de Français. 12% des Français n’ont toujours pas accès à un médecin traitant. Les délais pour obtenir un rendez-vous chez certains spécialistes se comptent souvent en mois. Quelles solutions pour les usagers dans pareil cas ? Les urgences. »

Tous ces constats exigent des réponses à court terme mais aussi des réponses à plus long terme , une réforme en profondeur de notre organisation de notre système de soins

En complément voir le Mémoire de fin d’études en soins infirmiers : Les Urgences : de la situation de crise à la violence

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