Jan 27

Enseignement de la citoyenneté : déclarations officielles heureuses mais réalités du terrain préoccupantes!

EDUCAT~1Après les attentats qui ont visé le cœur des valeurs républicaines, la ministre de l’Education Nationale a présenté onze mesures symboles de la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République : Laïcité et transmission des valeurs républicaines, citoyenneté et culture de l’engagement, lutte contre les inégalités et mixité sociale, mobilisation de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sont au centre de ces mesures.

Mais avant de lui demander de faire encore plus, peut-être faudrait-il mieux évaluer la pertinence des enseignements actuels. Il n’y a pas de message plus catastrophique  que de ne pas faire ce qu’on dit : c’est ce décalage qui est au cœur de la crise du politique et de la parole publique.

 Une note du Conseil national d’évaluation du système scolaire tempère cet  engagement pourtant nécessaire. Le CNESCO est une instance indépendante placée auprès du ministre de l’éducation nationale et présentant une capacité d’évaluation scientifique de haut niveau.

Dans  cette note «  Apprentissage de la citoyenneté dans l’école française » , il déclare « Après le temps de la mobilisation   doit venir le temps de l’introspection sur une société française capable de générer en son sein, sur son territoire, par des jeunes grandis dans ses écoles, de telles atrocités.Aux côtés de la sécurité ou de l’intégration par l’emploi, l’école doit aussi être interrogée comme institution sociale centrale dans notre modèle d’intégration républicaine et laïque. »

Surtout il souligne «  un engagement fort dans les instructions officielles, une réalité de terrain en décalage. »

Les rapports des inspections générales de l’Education nationale, notamment en 2011 et le rapport de la Mission sur l’enseignement de la morale laïque de 2013 dressent un ensemble large des lacunes et défaillances de l’apprentissage de la citoyenneté en France. Un enseignement laïque de la morale pour tous les élèves devait dès 2013, être mis en place à la rentrée 2015.

L’enseignement laïque de la morale vise, en développant une morale commune et la capacité de jugement de chacun, une appropriation libre et éclairée par les élèves des valeurs qui fondent la République et la démocratie

Pour le CNESCO,  L’éducation à la citoyenneté en France présente un modèle d’apprentissage complet en théorie, la France se place même en tête des pays européens par son investissement éducatif théorique dans ce domaine d’enseignement. Selon l’agence européenne Eurydice1 en 2012, elle est ainsi le seul pays européen à dispenser pendant douze années consécutives un enseignement à la citoyenneté obligatoire, clairement identifié et associé à des quotas d’heures définis.

Mais les mises en œuvre sur le terrain sont en fort  décalage. Si l’éducation civique est bien identifiée en France comme une discipline, sous des labels différents selon le niveau d’enseignement, associée à des quotas d’heures eux aussi identifiés, dans les faits, ces heures d’enseignements, intégrées le plus souvent à l’histoire-géographie ne sont pas toujours dispensées dans leur totalité. Ces heures peuvent servir notamment à achever la couverture des programmes scolaires dans d’autres matières.

Au-delà des cours d’éducation civique, l’écart entre, d’un côté, les intentions proclamées en matière de participation des élèves aux instances de gouvernance de leurs établissements (conseils de classe, conseil de la vie lycéenne, maisons des lycéens…) et, de l’autre la réalité de cette vie scolaire est plus fort encore.

Outre les écarts entre enseignements et pratiques participatives officiels et réels, ce sont aussi les enjeux faibles de l’évaluation de l’éducation à la citoyenneté qui en font de fait un parent pauvre de l’éducation.

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