A l’issue de la décision du conseil d’Etat concernant le burkini, l’alliance improbable entre le mot bikini et le mot burqa – un mot qui dit bien ce qu’il veut dire – le Premier Ministre a évoqué le combat politique que représentait la lutte contre les Islamistes .
Cette ordonnance du Conseil d’Etat n’épuise donc pas le débat qui s’est ouvert dans notre société sur la question du burkini.
Le combat est juridique, chaque fois qu’un risque de trouble à l’ordre public sera établi. Mais le combat est d’abord, et avant tout, politique, au sens le plus profond du mot, culturel, pour dire ce que nous n’acceptons pas, car cela met en danger la cohésion de la Nation, et le combat pour l’égalité hommes femmes est incontournable,
il ne faut pas être dupe de ceux, à droite et à l’extrême-droite, qui exploitent ce débat pour pointer du doigt les musulmans.
J’ai évoqué dans un précédent billet la nécessite de réaffirmer la laïcité en l’inscrivant dans la constitution .
« La laïcité n’est pas la négation du fait religieux, n’est pas un instrument pour viser ou exclure une religion en particulier. Elle est ce socle républicain qui accueille chacun en son sein, quelle que soit sa culture, quelle que soit son histoire. Elle est cette liberté moderne, émancipatrice, qui consiste à tirer une ligne nette entre ce qui relève du temporel et des choix spirituels de chacun. La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire. »
Et le premier ministre affirme en effet que « tous les Français (…) attendent qu’un islam de son temps, revendiquant pleinement les valeurs de la République, l’emporte ».
Il est important d’écouter et d’aider les musulmans qui partagent ce point de vue : c’est le meilleur moyen d’inscrire leur religion dans la République, et d’éviter les boucs émissaires.
En janvier 2015,, dans le New York Times, 23 intellectuels musulmans influents des États-Unis, du Canada et de Grande-Bretagne, soutenus par le Gatestone Institute, avaient signé un appel vibrant à une «réforme de l’islam». .«Que peuvent faire les musulmans pour se réapproprier leur “belle religion”», s’interrogent-ils, soulignant que les massacres, les décapitations et mutilations perpétrés par l’État islamique, les prises d’otages de jeunes filles innocentes orchestrées par Boko Haram ou la mise en esclavage de chrétiens en Irak sont autant de crimes menés au nom d’Allah. «Notre déni et notre silence relatif doivent cesser», écrivent ces personnalités.
«Nous devons nous engager dans la promotion de réformes quand nécessaire, y compris une réinterprétation honnête et critique des écritures et de la charia, utilisées par les islamistes pour justifier la violence et l’oppression.» «La théocratie est un échec prouvé», disent-ils encore. «Le chemin vers la justice et la réforme doit se faire à travers la liberté», ajoutent ces musulmans laïcs, dévoués à la cause de la démocratie. Un propos bien éloigné du discours généralement entendu dans le monde musulman, selon lequel l’islam n’a rien à voir avec les dérives terroristes de certains de ses membres.
Le dernier numéro de l’hebdo Marianne fai de même : je vous invite à lire les témoignages de « ces femmes qui disent NON ; de même l’express évoque L’Islam citoyen qui ne se fait plus prier
La philosophe Elisabeth Badinter, laïque acharnée, souligne ici la réaction des femmes musulmanes depuis les derniers attentats.
J’en profite pour évoquer trois points de vue d’intellectuels
Celui de Julliard qui évoque « l’islamo gauchisme » et une réflexion sur la gauche et l’Islam
Celui des géographes Frédéric Encel et Yves Lacoste qui publient à la rentrée aux Presses universitaires de France un livre intitulé Géopolitique de la Nation France, et cette tribune sur le site du Monde : « Face à une idéologie fanatique, nous devons réenchanter la nation républicaine »
Celui de Régis Debray : “Le chantage à l’islamophobie est insupportable”
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