Les classes des écoles maternelles ou élémentaires sont-elles surchargées ?

La France a investi massivement dans l’école dans les années 1960 et 1970 pour rattraper le retard qu’elle avait sur le reste de l’Europe. A l’école élémentaire, notre pays est passé de 28 à 23 élèves par classe en moyenne entre 1960 et 1980, selon le centre d’observation de la société. A l’école maternelle, l’évolution a été encore plus spectaculaire : de 43 élèves par classe en 1960, on est descendu à 40 en 1970, à 30 en 1980 et à 25 à la fin des années 1990. Dans les années récentes, la taille des classes n’a guère évolué. Paradoxalement, elle se situe en maternelle à un niveau supérieur à celui de l’école élémentaire (25 contre 23 élèves).

Pendant ce temps, nos voisins ont eux aussi investi dans l’école. Du coup, la France est à nouveau en retard : c’est l’un des pays riches où l’on compte le plus d’élèves par enseignant 1, qu’il s’agisse de l’école maternelle comme de l’élémentaire. Avec près de 22 enfants par enseignant en moyenne, la France est très loin devant tous les autres pays comparables pour les élèves de 3 à 5 ans, la plupart des pays se situant entre 15 et 17 enfants. Si l’on comptabilise les agents territoriaux spécialisés et les agents de vie scolaire (qui s’occupent des enfants handicapés) la place de la France est un peu moins défavorable, notre pays étant rejoint par l’Italie. Outre qu’un grand nombre de pays ne fournissent pas de données, la présence de ces agents 2 une partie du temps dans la classe change les conditions d’enseignement mais ne réduit pas la taille des groupes. Avec 19 élèves par enseignant à l’école élémentaire, la situation est à peine différente qu’en maternelle, un assez grand nombre de pays se situant entre 12 et 15 élèves par enseignant.

Ces moyennes ne sont pas toujours très significatives : elles cachent des écarts importants selon les classes. Le chiffre de 25 élèves par classe en maternelle est trompeur. Dans les maternelles publiques, 46 % des classes ont moins de 25 élèves, 48 % vont de 25 à 29 élèves (un nombre déjà élevé), et 5,6 % comptent plus de 30 enfants. A ce niveau, l’accueil ne peut plus se faire dans des conditions satisfaisantes. Ce chiffre de 5,6 % de l’ensemble représente environ 5 000 classes de plus de 30 élèves, ce qui veut dire qu’au total environ 160 000 enfants sont accueillis dans ces classes surchargées, soit 7 % des enfants de maternelle. La situation du secteur privé (13 % des enfants de maternelle) est encore plus dégradée puisque 21,6 % des classes ont plus de 30 enfants.

La question de la taille des classes, aussi bien à l’école maternelle qu’à l’école élémentaire, mériterait une réflexion d’ensemble en France, dont le retard est important par rapport aux pays comparables. Le nombre d’enfants par enseignant joue un rôle sur la qualité des apprentissages et peut constituer l’un des facteurs explicatifs de la mauvaise position de la France dans les évaluations internationales du niveau scolaire ou les lacunes dans certaines disciplines . Le nombre joue aussi, on l’oublie assez souvent, sur les conditions de vie (le bruit, la chaleur, la promiscuité et la sécurité) au quotidien de ces très jeunes enfants qui passent une grande partie de leur temps à l’école. Quand Ils vivent plus de 20h par semaine, parfois à 30 voire 35, dans des salles de classe mesurant entre 52 m2 et 63 m2 selon la norme de l’Education nationale, ils vivent des conditions de travail qui serait inacceptable  pour des adultes au travail.

La réduction des effectifs en CP dans les secteurs éducatifs prioritaires est un premier petit pas ; il convient d’aller plus loin maintenant !

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